Au matin du mercredi 13 décembre 2023, alors qu’elle devait se terminer le jour d’avant, à savoir le mardi 12, la 28e Conférence des Parties (COP28) s’est achevée sur un accord jugé historique. Pour la première fois, l’idée de « transitionner » hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques est évoquée et approuvée par l’ensemble des pays réunis à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis. Un accord qui s’apparente plutôt à un consensus tant il est vague et sans aucune mesure contraignante selon le docteur David Noncent, spécialiste en changement climatique en Haïti.
L’accord inédit ayant mis fin à la COP28 a fait couler beaucoup d’encre et fait réagir beaucoup de monde dans le milieu écologique. Il s’agit d’un appel à une « transition » hors des énergies fossiles. Une transition qui doit se faire « d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale afin que la neutralité carbone soit atteinte en 2050 conformément aux préconisations scientifiques », a spécifié le texte final qui met l’accent sur la « nécessité d’une réduction forte, rapide et soutenue des émissions de gaz à effet de serre ».
David Noncent, docteur en environnement et membre de l’équipe de recherche sur le changement climatique de l’Université Quisqueya, a accordé un entretien à Haïti Climat à ce sujet. Le chercheur reproche à cet accord d’être flou et sans mesure contraignante. « Ce n’est pas vraiment un accord mais plutôt une sorte de consensus parce qu’il n’y a pas vraiment de mesures contraignantes », relève le Dr Noncent. Selon lui, pour arriver à cet objectif visé de l’Accord de Paris (COP21), limiter le réchauffement à 1.5° C, il faut normalement diminuer les gaz à effet de serre de 48%. « Or, suivant les décisions qui ont été prises et si elles sont respectées par l’ensemble des parties, on n’y arrivera qu’à une diminution de 5%. De façon globale, cela va toujours impacter le système et dans le cas d’Haïti, la vulnérabilité du pays va augmenter », indique David Noncent.
Par ailleurs, le professeur Noncent émet l’idée d’une autre transition sur laquelle on devrait se pencher en Haïti. Il s’agit de la transition agro-écologique. « Dans le cas d’un pays comme Haïti, pour s’adapter au changement climatique, la transition agro-écologique pourrait nous servir grandement, parallèlement à une transition hors des énergies fossiles », a proposé le chercheur qui a continué en ces termes. « Nous ne sommes pas des producteurs de pétrole, de gaz ou de charbon, mais nous pouvons contribuer dans la transition écologique par rapport à tel type d’agriculture, tel type de culture qu’on pourrait mettre en place. Cela pourrait aider Haïti à contribuer au changement climatique », a ajouté le docteur en environnement.
Notons que les fonds destinés à financer les pertes et dommages climatiques des pays les plus vulnérables, dont Haïti, vont être disponibles. Pour David Noncent, il revient à l’État haïtien de mettre en place des programmes, des projets qui sont liés directement au renforcement des capacités d’adaptation et d’atténuation face aux changements climatiques afin de pouvoir bénéficier de ces fonds.
Francesca Mintor