Coup de projecteur sur la situation du « Parc national la Visite », plus que jamais en danger. Nous (re) publions ici in extenso un ensemble d’articles et de reportages réalisés par divers médias nationaux et internationaux pour alerter sur ce désastre écologique qui affecte cette réserve mondiale de la Biosphère. Plusieurs espèces animales et végétales endémiques risquent de disparaître. Mais surtout, la déforestation et la dégradation du Parc national la Visite l’empêchent d’être cet important réservoir en eau qui alimente les départements de l’Ouest et du Sud’Est, et où vivent plus de 3.5 millions de personnes.
« Haiti Climat » consacre toute une série d’émissions thématiques et d’activités pour attirer l’attention de la population haïtienne et des décideurs politiques sur ces cas majeurs de dégradation environnementale.
Le Parc national La Visite, l’une des rares régions forestières du pays, est en passe de devenir à son tour un désert. Classé Patrimoine mondial de l’UNESCO, le parc est défiguré quotidiennement par des particuliers qui abattent des arbres comme s’il s’agissait de leur propre propriété. Une situation lourde de conséquences sur l’écosystème du pays.
Décrété parc national en 1983 sous le gouvernement de Jean-Claude Duvalier, La Visite a vu sa couverture forestière passer de plus de 17 000 hectares à moins de 3 000 en moins de vingt ans. Selon Serge Cantave Junior, coordonnateur général de la Fondation Séguin, une ONG haïtienne qui se bat pour la protection de l’environnement, ce domaine forestier exceptionnel est outrancièrement exploité par des individus qui sont en train de le détruire, au risque de rendre infernale la vie de millions d’Haïtiens. Le sous-sol du parc, a indiqué cet ami de la nature, renferme la troisième nappe d’eau la plus importante du pays. « Pas moins de neuf rivières y prennent leur source, dit-il.
Grâce à cette importante nappe d’eau, plus de trois millions d’Haïtiens peuvent se désaltérer quotidiennement. » « Surplombant des villes comme Marigot, à l’Est, et Kenscoff, à l’Ouest, ce massif montagneux les protège contre inondations, éboulements et catastrophes naturelles de tous genres, se réjouit le responsable de la fondation environnementale. Mais à cause de l’abattage systématique des arbres, le parc La Visite risque de ne pas répondre longtemps à cette mission. »
Même les touristes étrangers tirent la sonnette d’alarme. « En montant les sentiers conduisant au pic La Visite, à 2 200 mètres d’altitude, je me suis retrouvée au centre de la forêt et tous les arbres sans exception étaient écorcés sur le premier mètre à partir du sol, tous à partir du même côté, dit une Canadienne adepte de la marche en montagne, qui a roulé sa bosse dans l’Himalaya et en Afrique. Partout autour de moi, tous les arbres étaient écorcés. Tellement qu’il n’en restait que moins de la moitié du diamètre initial. Par exemple, un pin de 20 cm d’épaisseur n’en avait plus que 5 ou 6… C’était d’une tristesse lamentable. Ils vont tous mourir, c’est certain. De beaux arbres de 30 à 50 cm de diamètre, certains ont plus de cent ans. »
Qui coupe les arbres ? Certains accusent allègrement les paysans du coin, mais ce n’est pas si simple. Tout un important trafic d’arbres se déroule depuis des années à l’insu de tous. « Déguisés en paysans, des prédateurs ont constitué un véritable réseau qui soutire de milliers de dollars à partir de la déforestation du parc », affirme Wini Attié, un autre responsable de la Fondation Séguin.
Lire l'article original de Danio Darius sur Le Nouvelliste