Parmi les espèces qui risquent de disparaître en Haïti, on retrouve le Trogon Damoiseau, emblème d’Haïti, connu sous l’appellation de Caleçon rouge (Kanson wouj en créole). Cette espèce qui est unique à l’île d’Haïti est appelée à disparaître en Haïti en raison de la destruction de leur habitat via la déforestation.
La tête noire, la gorge d’un gris foncé, le dos couleur émeraude et le ventre rouge vif, le Trogon Damoiseau, appelé communément Kanson wouj, est considéré comme l’oiseau national et le plus bel oiseau d’Haïti. C’est une espèce endémique, c’est-à-dire qu’on retrouve uniquement sur l’île d’Haïti incluant la République dominicaine. Il mesure entre 27 et 30 cm de long et pèse entre 73 et 81 grammes. Ce bel oiseau très coloré, l’unique espèce de la famille des Trogonidae existant en Haïti, est exclusivement insectivore. On le retrouve principalement dans les hauteurs, dans les zones forestières humides, là où il y a une dense végétation.
« L’aire de répartition de l’espèce est généralement limitée aux collines et aux montagnes d’Hispaniola. L’espèce a un haut niveau de dépendance vis-à-vis des forêts. Elle est présente dans la Forêt des pins et a été observée jusqu’à 3 000 mètres d’altitude », souligne Jean-Mary Exantus, doctorant en écologie.
René Durocher, spécialisé dans la photographie animalière, dépeint sa dernière rencontre avec l’animal : « La dernière fois que j’ai vu un Kanson wouj, c’était en 2021 à Seguin. J’étais avec mes fils et des amis dans la forêt, et soudain on a entendu chanter un Kanson wouj. Je me suis rapproché un peu plus de l’endroit d’où venait le son et j’ai fait en sorte de reproduire le même son plusieurs fois. C’est alors que plusieurs étaient apparus. J’ai pu les observer et prendre quelques photos ».
Pour le photographe, la menace d’extinction qui pèse sur cette espèce est liée principalement à l’homme et aux développements humains qui sont les principales causes de la perte d’habitat de cette population. « C’est une espèce qui ne tolère pas la présence des humains. Il vit en hauteur, dans des forêts humides, là où la végétation est la plus dense. Si l’homme pratique la déforestation en vue de répondre à ces besoins, lui ne survivra pas », indique René Durocher.
Jean Mary Exantus corrobore cette théorie. « La perte et la dégradation de son habitat via la déforestation sont ses principales menaces en Haïti vu qu’elle dépend fortement de la forêt, affirme M. Exantus. L’espèce a été classée dans la catégorie “préoccupation mineure (LC)” dans la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) », un organisme international qui évalue le risque d’extinction des espèces dans le monde.
Comme mesure de conservation, Jean Mary Exantus propose de « mener des études sur la biologie de la population de l’espèce afin d’établir un plan de conservation pour l’espèce à l’échelle nationale ; assurer la gestion efficace des parcs nationaux abritant des populations de cette espèce afin de pallier la destruction et la dégradation de son habitat pour faire de l’agriculture et autres besoins humains (bois pour la cuisson, charbon de bois, bois pour la construction, la chaux, etc.) ».
D’après le doctorant en écologie, il y a quelques-uns de cette population qui s’abritent dans le Massif de la Hotte et aussi à Seguin, mais qui ne tarderont pas à disparaître si aucune mesure de conservation n’est prise. « Je sais qu’il y a encore des Kanson wouj à Seguin, j’en ai entendu quelques-uns à Macaya, mais à cause de la densité de la végétation, je n’ai pas réussi à les voir », confie Jean Mary Exantus.
Outre le Kanson wouj, il y a d’autres espèces très fragiles, dépendant des habitats forestiers qui sont en déclin, à en croire René Durocher. On peut citer le Bec croisé, la grenouille, l’anolis hendersoni, etc. L’urbanisation, la dégradation de leur habitat et le non-respect de l’environnement sont les principaux facteurs qui menacent la survie de ces espèces. « D’une manière générale, apprenez à aimer et à respecter la nature. Chaque espèce a sa place dans la nature et il faut respecter cela. Nous faisons tous partie de la nature. Essayez d’acquérir un comportement écoresponsable », conseille le photographe animalier.
Francesca Mintor