Le chercheur Jean-Marry Exantus détient désormais le grade de docteur en écologie. L’ingénieur agronome a soutenu brillamment sa thèse le mercredi 25 octobre 2023 à l’Université des Antilles en Guadeloupe. Ses recherches portent sur les oiseaux en Haïti en milieux urbain et naturel, une première pour l’étude de l’avifaune et la conservation biologique en Haïti.
« Contribution à l’étude de l’avifaune de la République d’Haïti en milieux urbain et naturel », a été le sujet de recherche de Jean-Marry Exantus pour l’obtention de son doctorat en écologie : Physiologie et biologie des organismes- Populations Interactions. Thèse qu’il a soutenu le mercredi 25 octobre 2023 à l’Université des Antilles en Guadeloupe. Durant 45 minutes, le chercheur a présenté ses travaux de recherche devant un public en présentiel et aussi en visioconférence, pour ensuite répondre aux interrogations du jury, réunissant des chercheurs internationaux.
Sous la direction du professeur Frank Cezilly, les travaux de l’ingénieur-agronome sur l’avifaune en Haïti se développent autour de deux axes. Le premier limité à l’avifaune urbain de Port-au-Prince dévoile les similitudes qui existent entre « des peuplements aviaires sans différence de richesse ou diversité spécifique » dans des environnements forestiers secondaires et agroforestiers. Une comparaison, de surcroît, des « peuplements aviaires entre deux sites protégés en milieu urbain et sururbain » a mis au jour des différences significatives dans les compositions des deux assemblages : Les compositions des deux assemblages étaient fortement dissimilaires (68.4%) et présentaient une différence significative dans le degré de dominance des espèces, peut-on lire dans le résumé de la thèse. Au passage, deux espèces endémiques d’Hispaniola, la Corneille d’Hispaniola, Corvus leucognaphalus, et l’Amazone d’Hispaniola, Amazona ventralis qui sont classées comme vulnérables par l’UICN (Union Internationale pour la conservation de la nature) ont été découverts dans les sites urbains, toujours selon cette étude.
Le deuxième axe, centré sur l’étude de l’avifaune en milieu naturel, dans un espace forestier protégé, révèle la présence de « 42 espèces dont 16 (38.1%) sont endémiques d’Hispaniola ». Cette étude indique par ailleurs « une baisse significative de l’abondance relative des espèces présentant un niveau élevé de dépendance forestière et des espèces insectivores. En outre, un suivi de 26 mois de la population du Merle de la Selle, Turdus swalesi, une espèce d’oiseau présent uniquement sur l’île d’Hispaniola, « a permis d’apporter de nouvelles données sur cette espèce endémique et vulnérable », en rapport avec leur dimorphisme sexuel sur le plan morphologique, leur régime alimentaire, leur taux de survie.
À la question pourquoi avoir orienté ses recherches vers un milieu urbain, le citadin répond que ce choix est surtout lié au fait que très peu d’études sont réalisées dans les espaces urbains et que celles-ci ont été faites par des étrangers. Le chercheur confie « avoir voulu combler ce déficit de données ». En ce sens, les recherches de Jean-Marry Exantus sont une première en avifaune et en biodiversité en Haïti. « Mes recherches prennent en compte la vraie réalité d’Haïti, celle de tous les jours avec des impacts sur notre patrimoine biologique », indique le scientifique.
En termes de difficultés, l’ornithologie dit avoir rencontré pas mal de contraintes qui sont en partie liées à la situation socio-économique comme l’insécurité qui a été une contrainte majeure sur ces déplacements, le manque de moyens financiers et la méfiance des gens. Le chercheur a aussi fait remarquer qu’en Haïti, cette discipline n’existe pas encore en tant que domaine de formation universitaire. Il a été obligé de se déplacer vers l’étranger afin de suivre des formations relatives à son choix d’études.
À la suite d’études d’ingénieur agronome à l’Université Épiscopale d’Haïti avec une spécialisation en ressources naturelles et environnement, Jean-Marry Exantus est entré en master à l’Université des Antilles en Guadeloupe via le programme de formation de l’association Caribaea initiative, des études qu’il a poursuivi jusqu’à l’obtention de son doctorat qui a été financé par Caribaea initiative et la Fokal.
Francesca Mintor