Ce portrait est réalisé dans le cadre du cours sur la résilience côtière organisé conjointement par Haïti Climat et Studio Canek à l’attention des journalistes haïtiens.
Etudiant en sciences juridiques, enseignant et journaliste, Jordany Junior Verdieu est né au Cayes dans le département du Sud. C’est là qu’il vit et exerce sa profession de cœur, le journalisme. C’est dans les années 2004, à la faveur de la crise politique aigüe que le pays a connu que Verdieu est tombé amoureux du journalisme. « A l’époque, ma maman écoutait des informations sans arrêt, c’est à ce moment-là que j’ai découvert la profession », se rappelle le journaliste polyvalent. Dans la vingtaine, Verdieu travaille comme correspondant du quotidien Le Nouvelliste dans le département du Sud et prête sa voix à la radio. Il a aussi travaillé à la télévision.
Pour Jordany Junior Verdieu, le journalisme est un engagement et une passion. « Je me sens utile », dit-il. Son engagement a été mis en œuvre lors du séisme ayant frappé le grand Sud le 14 août 2021. « L’un de mes reportages sur une zone durement frappée après le tremblement du 14 août 2021 était très utile. Les victimes avaient reçu de l’aide grâce à mon travail. Ces feed-back me disent de continuer et que je suis sur la bonne voie », raconte le jeune journaliste.
L’engament de Verdieu est aussi manifeste dans ses reportages sur l’environnement. Il est l’un des journalistes les plus actifs du réseau de journalistes environnemental d’ACLEDD – Action pour le Climat l’Environnement et le Développement Durable.
L’intérêt du journaliste pour l’environnement est né à partir de la lecture d’articles de journaux et d’autres documents sur l’environnement. « Je me demandais à un certain moment pourquoi les rues sont sales? Pourquoi les mornes sont déboisés ? Pourquoi la mer envahit une partie des côtes? ». Voilà quelques questions auxquelles Verdieu veut avoir des réponses. C’est la recherche de réponses à ces questions qui le pousse à embrasser le journalisme environnemental. D’autres problématiques comme la pollution de l’air l’intéressent aussi.
La rencontre de Verdieu avec Haïti Climat, une plateforme multimédia spécialisée dans la production de contenus relatifs à l’environnement et au changement climatique, a fait grandir son intérêt pour le journalisme environnement. « Les bourses de reportages et l’accompagnement technique de Haïti Climat constituent un booster dans ma carrière », témoigne-t-il. C’est ce même intérêt pour le journalisme environnement qui l’a poussé à s’inscrire au cours en ligne offert par Haïti Climat et Studio Canek intitulé « Pwoteksyon bò Lanmè ». « Dans ce programme, j’ai appris beaucoup de notions qui vont me permettre de réaliser des reportages sur l’environnement et aussi de lancer des débats sur le sujet », dit-il. Il estime par ailleurs que tous les modules étaient intéressants.
La crise que traverse le pays n’est pas sans conséquence sur les jeunes. Jordany Junior Verdieu ne fait pas exception. Contrairement à Port-au-Prince où les bandes criminelles font la loi, la ville des Cayes où le jeune journaliste vit est plus ou moins tranquille. Cependant, le département du Sud subit de plein fouet les effets de la crise. « L’inflation due à la crise et à d’autres facteurs nous étouffe », explique-t-il, admettant que la population est devenue de plus en plus précaire. Il arrive aussi que Verdieu se sente parfois découragé comme d’autres jeunes de son âge, mais il trouve toujours la force de continuer. L’appréciation du public pour son travail reste sa principale source de motivation.
Jean Pharès Jérôme