Climat

Transparence climatique : Haïti s’attaque à l’analyse des données relatives aux émissions des gaz à effet de serre

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La Direction du Changement Climatique (DCC) du ministère de l’Environnement, en collaboration avec l’Unité de gestion du projet CBIT-Haïti, a organisé, le mardi 29 juillet 2025, un atelier national autour de la transparence climatique, à l’hôtel Kinam. L’organisation de cet atelier, animé par la firme Equiterra Conseils, spécialisée en changement climatique et développement durable, s’inscrit dans le cadre du projet CBIT-Haïti, dont le sigle en anglais signifie « Renforcement des institutions nationales pour répondre aux exigences de transparence de l’Accord de Paris ».

Cet atelier, intitulé « Analyse de données d’inventaire de GES et du cadre de gouvernance pour la transparence climatique », visait à renforcer les capacités nationales pour la mise en place d’un système de Mesure, de Notification et de Vérification (MNV) des émissions de gaz à effet de serre (GES), tout en analysant les données disponibles collectées par le ministère.

Dans son discours d’ouverture, le Directeur général du ministère de l’Environnement, M. Jean Emmanuel Philippe, a salué l’organisation de cette rencontre stratégique. L’atelier répond aux exigences de l’Accord de Paris, ratifié par Haïti en 2017, qui impose à ses signataires de mettre en place un système renforcé de transparence. « Haïti s’est souscrit à cette résolution visant à garantir la confiance mutuelle entre les pays, à rehausser l’ambition climatique et à suivre rigoureusement les politiques publiques d’atténuation », a rappelé M. Philippe.

Il a également souligné que, dans un contexte socio-politique complexe, le projet CBIT-Haïti constitue un levier stratégique pour mobiliser des financements, des technologies et des partenariats capables de propulser Haïti vers une croissance verte et durable.

Renforcement du système MRV

Les objectifs de l’atelier sont clairs : analyser les données récentes sur les émissions de GES, identifier les faiblesses dans les processus de collecte et de diffusion, et poser les fondations d’une gouvernance interinstitutionnelle cohérente, intégrant les ministères sectoriels, les collectivités locales, les universités, les partenaires techniques et la société civile.

« L’engagement du ministère est sans équivoque : accompagner et renforcer les capacités institutionnelles, humaines et techniques en matière de production et de gestion de données climatiques », a poursuivi M. Philippe. Il a exprimé l’espoir que l’institutionnalisation d’un système MRV (Mesure, Rapportage, Vérification) favorisera une appropriation nationale durable, à travers des outils d’apprentissage et de suivi-évaluation.

Bien que Haïti soit parmi les pays les moins pollueurs au monde, sa contribution aux émissions mondiales de GES étant estimée à seulement 0,02 %, elle reste fortement exposée aux effets du changement climatique. « Nous sommes parmi les premières victimes du dérèglement climatique, alors que nous comptons parmi les derniers pollueurs », a-t-on rappelé lors de l’atelier.

Réduction des émissions : entre ambition et réalité

Les discussions ont mis l’accent non pas sur les mécanismes d’adaptation, mais surtout sur les stratégies d’atténuation. Haïti prévoit de réduire ses émissions de 6 % par ses propres moyens, et jusqu’à 25 % avec le soutien international promis dans le cadre de l’Accord de Paris.

Les principaux secteurs émetteurs identifiés sont l’agriculture (notamment l’élevage bovin et la culture du riz) ainsi que l’énergie. Toutefois, au-delà de l’inventaire des émissions, les intervenants ont insisté sur l’enjeu de disposer de données statistiques nationales fiables.

Un survol des projets climatiques financés entre 2011 et 2024 révèle que 110 projets ont été mis en œuvre dans divers domaines : agriculture, gestion des ressources naturelles et de l’eau, renforcement des capacités. Environ 2,6 milliards de dollars ont été mobilisés sur un besoin estimé à 20 milliards d’ici 2030. Notons que 81 % des projets sont axés sur l’adaptation, et seulement 19 % sur l’atténuation.

Toutefois, seulement 16 % des projets sont en phase de planification, tandis que 47 % sont clôturés. Malgré les efforts, Haïti est encore loin des objectifs fixés, selon les intervenants. Les principaux obstacles évoqués restent la faible capacité à mobiliser efficacement les ressources et l’absence de données fiables.

Sur une note plus optimiste, les participants ont affirmé qu’il est encore possible de renforcer l’engagement des parties prenantes en créant un cadre incitatif pour l’investissement climatique, et en misant sur la transparence et la gouvernance.

Esther Kimberly Bazile

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