À l’occasion de la Journée mondiale des forêts, le 21 mars 2025, Sultan Jean-Robert, directeur général de la Fondation Reboisement par l’Éducation, a partagé son engagement en faveur de la préservation des forêts en Haïti. Originaire de Fonds-Verrettes, il est l’un des acteurs majeurs de la lutte contre la déforestation dans le pays. Depuis 1987, il mène des actions concrètes à travers des programmes éducatifs et de reforestation, avec pour objectif de sensibiliser la population aux enjeux environnementaux.
Invité à l’émission Haïti Climat le 27 mars, M. Jean-Robert a évoqué les origines de son engagement. « Ce que je vivais m’a poussé à agir. Le manque de ressources naturelles et la dégradation de notre environnement m’ont profondément marqué », a-t-il confié. Dès son jeune âge, il a été témoin de la déforestation massive, où les arbres étaient abattus pour produire des planches. Une situation qui a déclenché sa volonté de changement.
Face à cette réalité, il a initié un programme innovant pour encourager la reforestation. « Nous avons mis en place un système où plusieurs familles s’engagent à planter des arbres en échange du financement de la scolarité de leurs enfants. Une manière de concilier éducation et protection de l’environnement », explique-t-il. Ce projet a permis à de nombreux enfants d’accéder à l’éducation tout en participant activement à la reforestation du pays.


Un combat contre la déforestation et ses impacts
Jean-Robert insiste sur l’urgence de lutter contre la déforestation, un fléau qui contribue directement aux changements climatiques. « Si nous ne faisons rien, les conséquences seront désastreuses », alerte-t-il. Il considère la reforestation comme une action essentielle non seulement pour atténuer les effets du changement climatique, mais aussi pour préserver la biodiversité et les ressources naturelles indispensables aux communautés locales.
Malgré son engagement et les résultats concrets de ses actions, la Fondation Reboisement par l’Éducation n’a jamais bénéficié d’un financement direct de l’État haïtien. « Le reboisement n’a jamais été une priorité pour l’État central », déplore-t-il. Pourtant, cela n’a pas freiné sa motivation. « Je ne parle pas d’échec, mais de défis à relever. Ma famille, mes enfants et mon environnement sont mes sources d’inspiration. Ils me donnent la force de continuer », affirme-t-il avec détermination.
Un manque de soutien pour des ambitions plus grandes
Bien qu’il soit convaincu que la lutte contre la déforestation est l’un des engagements les plus cruciaux pour un citoyen responsable, Jean-Robert fait face à un défi majeur : le manque de financement. « J’aimerais faire plus, mais sans moyens, c’est difficile », reconnaît-il. Sa fondation œuvre principalement dans la région de Fonds-Verrettes, mais il anime également des formations dans d’autres zones du pays. Toutefois, faute de ressources, son impact reste limité.
En 2007, il a soumis un projet ambitieux au ministère de l’Éducation nationale pour intégrer l’éducation environnementale dans le programme scolaire haïtien. Malheureusement, cette proposition n’a pas été retenue. « Si ce programme avait été mis en place, il aurait transformé la façon dont nous abordons l’éducation et le reboisement en Haïti », regrette-t-il. Néanmoins, il reste persuadé qu’un tel projet aurait pu changer les mentalités et les pratiques environnementales dans le pays.
Des résultats concrets malgré les obstacles
Grâce à la Fondation Reboisement par l’Éducation, plus de 300 hectares de terres ont été reboisés, et plusieurs centaines d’enfants ont été sensibilisés aux enjeux environnementaux. Pour Jean-Robert, l’éducation est un levier essentiel dans la lutte pour la préservation de l’environnement. Il espère voir émerger un véritable changement dans les pratiques agricoles et environnementales du pays.
Originaire de Fonds-Verrettes, il souligne l’importance d’une mobilisation collective et de l’engagement de chaque citoyen. « L’environnement est notre bien commun, et il est de notre responsabilité de le préserver », insiste-t-il. Il rappelle également que le changement commence à l’échelle individuelle : « C’est à nous de construire notre propre avenir et de façonner un pays plus vert », conclut-il avec conviction.
Esther Kimberly BAZILE
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