Environnement

« Sove mang lan, plante lavi » : un plaidoyer enraciné à la Gonâve pour la survie des mangroves

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Le 3 avril 2024, lors de son passage sur Haïti Climat, Ericca Lagrandeur, présidente de CAPEELAG, a partagé l’évolution du plaidoyer « Sove Mang lan, plante lavi », un mouvement communautaire né pour la préservation des mangroves à la Gonâve. Ce plaidoyer, fondé en 2017, est le fruit d’une prise de conscience croissante de l’urgence écologique, d’abord concentrée sur une région de l’île, avant de s’étendre à toute la Gonâve dès 2018.

Depuis son lancement, le mouvement a mobilisé la population à travers des focus groups, des diagnostics et des projections de films comme Le Gouverneur de la rosée, tiré du livre de Jacques Romain, afin de sensibiliser à la gestion de l’eau et à la protection de l’environnement.

« En 2023, nous avons commencé à planter des mangroves dans plus de huit sections communales. Nous avons travaillé main dans la main avec la mairie pour instaurer des actions de développement local », a expliqué Lagrandeur. Parallèlement, des pétitions ont été lancées pour réclamer la création d’aires protégées et pour inciter l’État à prendre des responsabilités concernant les zones écologiques clés de la Gonâve, menacées par des pratiques destructrices.

Cependant, un des défis majeurs auquel le mouvement se confronte est l’insécurité alimentaire, particulièrement aiguë à La Gonâve, zone fortement affectée par la précarité. En raison de l’absence de travail, du chômage et de la crise économique, de nombreux habitants se tournent vers la coupe excessive des mangroves pour produire du charbon, une activité qui génère des revenus immédiats mais qui menace gravement l’écosystème local. « La Gonâve figure parmi les régions qui vendent le plus de charbon, ce qui aggrave la destruction des mangroves et perturbe l’équilibre écologique de l’île », a précisé Lagrandeur.

La coupe des mangroves entraîne non seulement la perte de biodiversité, mais elle accélère également l’érosion des sols, car la terre arable est emportée dans la mer, rendant plus difficile la survie de l’île. Ce phénomène constitue une menace directe pour l’environnement et l’avenir de la région.

Consciente de cette situation alarmante, l’environnementaliste a lancé un appel pressant aux autorités : « La Gonâve existe aussi, et il est impératif que l’État prenne des mesures concrètes pour soutenir les citoyens de cette région. » Nous devons les équiper pour restaurer et protéger les mangroves. » Sinon, nous risquons de perdre bien plus que notre biodiversité. Selon elle, l’avenir de l’île est en jeu.

Depuis 2018, chaque année, entre le 22 mai (journée mondiale de la biodiversité) et le 5 juin (journée mondiale de l’environnement), « Sove Mang lan, plante lavi » poursuit ses efforts de reboisement et de sensibilisation pour garantir la résilience écologique de la Gonâve, tout en appelant à une action collective et solidaire face aux défis environnementaux et socio-économiques de la région.

Esther Kimberly BAZILE

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