Livrés à eux-mêmes depuis plusieurs années, les habitants d’une petite localité, dénommée MALINGUE, située à une dizaine de kilomètres du centre-ville de Cabaret, essayent de rebâtir les chantiers de l’espoir, en recourant à la plantation de mangroves pour sauver des espèces marines en voie de disparition sur les côtes de Cabaret. En dépit des grands défis à relever pour réussir ce pari, pêcheurs et riverains de la zone sont à pied d’œuvre pour protéger les côtes en utilisant les mangroves.
Les communautés de Malingue et de Bailleul, localités côtières respectives des première et deuxième sections communales de Cabaret reprennent progressivement la culture des mangroves sur le littoral de la commune de Cabaret. Avec cette nouvelle initiative, plus de 4 kilomètres de côtes, soit le tiers du littoral de la commune, sont déjà recouverts de mangroves. Cet écosystème côtier, très utilisé dans de nombreuses régions du monde pour protéger les aires marines face aux effets des changements climatiques, était sur le point de disparaître à Cabaret, il y a, à peu près, 5 ans. « Pourtant, 20 ans plus tôt, plus de la moitié du littoral était recouverte de mangroves », se souviennent les pêcheurs.
Sur le littoral de Malingue et de Bailleul, les effets de la dégradation de l’environnement marin se font sentir. Des terres érodées, des plantations agricoles détruites, et maintenant ce sont des maisons qui sont menacées par la mer, dans ces localités où vivent dans la misère des milliers d’habitants. Dans ces zones côtières de la commune de Cabaret, riverains et pêcheurs sont sur pieds de guerre pour tenter de combattre les effets et de s’adapter aux changements climatiques. « Recouvrir tout le long du littoral serait l’idéal, mais le coût d’un tel projet serait exorbitant », a reconnu M. Guillaume, maire de la commune, qui dit apporter tout le soutien de son administration à la population des côtes qui se mobilise pour recouvrir une bonne partie du littoral avec des mangroves.
« Autrefois, lorsque cette zone était recouverte de mangroves, il suffisait d’aller sous les mangroves pour faire de grandes pêches », explique Joseph Hérold Pierre, l’un des pêcheurs qui se lancent à fond dans la production de mangroves à Malingue. Selon lui, plus de 10 000 mangroves ont déjà été plantés sur le littoral de Malingue au cours de ces cinq dernières années. Le producteur des plantules de mangroves estime à plus de 300 000 gourdes la somme qu’ils ont déjà dépensée, à partir de leur propre fonds, pour recouvrir le littoral de mangroves. « Pourtant, beaucoup de personnes ne connaissent pas l’importance de cette plante pour l’environnement de la zone », se plaint-il.
De son côté, Rodrigue Louis, un septuagénaire très respecté dans la communauté de Malingue, accuse le manque de connaissance des riverains sur l’importance de cet écosystème qui, selon lui, serait à la base de la destruction des mangroves sur le littoral. Le leader communautaire a aussi pointé du doigt les problèmes socio-économiques de la population dans l’aggravation de la situation. “Ceux qui détruisent les mangroves le font par ignorance”, a-t-il fait savoir.
Quid des mangroves ?
Selon l’expert haïtien, l’ingénieur-agronome Jacky Duvil, les mangroves sont un écosystème très important dans l’environnement marin. Outre leur rôle dans la conservation de la biodiversité, ils protègent aussi les côtes lors des catastrophes. Le spécialiste en adaptation aux changements climatiques, en ressources naturelles et en environnement, Jacky Duvil, a fait savoir qu’aucune espèce animale qui vit en mer ne peut se passer des mangroves qui, selon lui, est un écosystème très protégé dans de nombreux pays à cause de son importance dans la protection des aires marines et la survie de nombreuses espèces, notamment des fruits de mer et des oiseaux.
« Le recours à la plantation de mangroves est le moyen le plus sûr pour eux, de lutter contre ce phénomène. Après avoir utilisé des caoutchoucs dans leur lutte effrénée pour protéger le littoral, les habitants se sont finalement rendus à l’évidence que les mangroves étaient leur seule planche de salut, s’ils veulent renforcer la résilience des côtes face à la dégradation accélérée de l’environnement marin à cause des effets des changements climatiques et la mauvaise gestion de notre écosystème », a fait savoir M. Rodrigue Louis, un leader de la zone de Malingue.
« La communauté des pêcheurs et des riverains des côtes de Cabaret, notamment à Malingue et à Bailleul, envisage de renforcer substantiellement la couverture des côtes avec des mangroves pour sauver des espèces marines en voie de disparition et protéger le littoral qui, de plus en plus, se dégrade », a signalé le maire de la commune de Cabaret, M. Joseph Jeanson Guillaume. Il reconnaît toutefois certaines contraintes à la réalisation de ce projet, notamment le manque de ressources financières, les problèmes d’éducation de la population et la faiblesse de l’État à assurer la sécurité des aires marines.
La mangrove, rappelons-le, est un écosystème de Marais maritime incluant un groupement de végétaux spécifiques principalement ligneux, ne se développant que dans la zone de balancement des marées, appelée estran, des côtes basses des régions tropicales. (Wikipedia).
Joseph Peterson LALEAU
Ce reportage est financé par ACLEDD grâce au support de FOKAL.