Pour sortir de la crise énergétique qu’elle traverse, la Chine fait tourner ses centrales à plein régime et rouvre des mines. Un choix que d’autres pays font. Le signe que cette énergie, fortement émettrice de CO2, a encore de longues années devant elle ?
C’est un mauvais signal à quelques jours de l’ouverture de la COP26 de Glasgow, la grand-messe diplomatique annuelle dédiée à la lutte contre le changement climatique. La Chine, déjà premier producteur mondial de charbon, énergie fort émettrice de gaz à effet de serre, est en passe d’augmenter de près de 6 % sa production, et a même atteint récemment un record de production quotidienne, ont annoncé mardi les autorités chinoises.
Ce n’est pas une surprise. Le 8 octobre, Pékin demandait à 72 mines de charbon de la région de Mongolie-intérieure d’augmenter leur production d’un total de 98 millions de tonnes. Début août, il avait aussi autorisé la réouverture de quinze mines dans le nord du pays. En parallèle, la Chine augmente ses importations. Y compris d’Australie, plus grand exportateur mondial , bien que celles-ci étaient interdites depuis octobre 2020 sur fond de tensions commerciales entre les deux pays, indiquait début octobre le Financial Times.
Juste une pause dictée par un contexte très particulier ?
Tout est donc fait pour que les centrales électriques au charbon chinoises puissent tourner à plein régime, alors que le pays traverse des pénuries d’électricités à répétition qui affectent son économie. Et l’économie mondiale par ricochet.
Ce retour en force du charbon en Chine, dont le mix électrique repose déjà à 60 % sur cette énergie, est en contradiction avec sa promesse, il y a un an, d’atteindre un pic de ses rejets de CO2 avant 2030 et la neutralité carbone en 2060. François Kalaydjian, à la tête de la direction « économie et veille » à l’IFP Energies nouvelles (IFPEN), y voit surtout une pause dans l’atteinte de ces objectifs climatiques « dictée par un contexte tout de même très particulier ». « L’hiver 2020 a été particulièrement froid et long dans l’hémisphère nord, si bien qu’on a puisé plus que d’ordinaire dans les stockages de gaz naturel, commence-t-il. S’est ajouté le redémarrage des économies mondiales après la crise sanitaire. Dont celle de la Chine qui, dans un premier temps, a importé massivement du gaz [moins polluant que le charbon] pour répondre aux besoins de ses industries. » Résultat : des tensions sur le marché du gaz et un prix qui s’envole, au point de contraindre Pékin à chercher des alternatives.
Une tentation charbon encore vive ?
Parmi celles-ci, le charbon justement. Tentant pour la Chine, donc, mais pas seulement. Le 25 août, Ember, cabinet d’études britannique sur l’énergie et le climat, notait que plusieurs pays émergents – l’Inde, la Turquie, la Mongolie, le Vietnam, le Pakistan – ont engagé « une relance grise » de leur production d’électricité au redémarrage de leurs économies. C’est-à-dire en misant en partie sur l’éolien et le solaire, mais aussi massivement sur le charbon. D’où un retour à la hausse, depuis début 2021, des émissions de GES liée à la production d’électricité.
https://www.20minutes.fr/planete/3151811-20211021-penuries-electricite-charbon-encore-longues-annees-devant