À une cinquantaine de kilomètres de Port-au-Prince, dans la commune de Cornillon, c’est la sécheresse totale. Les habitants peinent à trouver quelques gouttes d’eau pour apaiser leur soif, encore moins pour les travaux domestiques. Livrés à eux-mêmes, ils ne misent que sur la pluie.
Depuis plusieurs mois, la commune de Cornillon, perchée à 52 km de Port-au-Prince, fait face à une sévère crise en eau. Les terres sont arides, les sources à sec, les bêtes meurent de soif et la population ne sait plus à quel saint se vouer pour trouver quelques gouttes du précieux liquide.
Cette situation est principalement causée par la sécheresse qui s’est abattue sur la commune depuis le mois de janvier. « La dernière fois qu’il a plu c’était en décembre, et jusqu’au moment où je vous parle, pas une goutte de plus », témoigne un habitant de la commune.
Mis à part le déboisement qui joue un rôle considérable dans cette pénurie d’eau, l’accroissement de la population est un autre facteur à prendre en compte, selon Jean Élie Mardi, qui habite la région depuis 20 ans.
En effet, la taille de la population augmente chaque jour à cause de la violence des gangs à la Croix-des-Bouquets. Bon nombre de gens ont dû quitter la zone et beaucoup d’entre eux se sont installés dans la commune de Cornillon, souligne le secrétaire général de l’organisation Union des jeunes progressistes pour l’avancement de Grand-Bois/Cornillon (UJPAC).
À Cornillon, les habitants marchent durant trois heures pour arriver jusqu’au point d’eau et ceci sans la moindre garantie d’en trouver. « C’est vraiment une bataille où seuls les plus forts parviennent à rentrer chez eux avec de l’eau dans leurs récipients. Si on n’est pas assez résistant pour supporter les agitations constantes, on rentre chez soi assoiffé, avec les récipients vides », raconte un Cornillonais.
Cette course pour l’eau provoque des conflits sociaux au sein de la population. Des victimes ont déjà été recensées dans plusieurs sections communales. Craignant le pire face à cette indisponibilité de l’eau dans la commune, la population cornillonaise appelle à l’aide. »Nous sommes dans l’urgence et si aucune mesure n’est prise, dans les jours à venir, nous risquons de mourir de soif ou alors on sera tous obligé de laisser la commune », se plaint un fils de la commune.
Du côté des autorités en place, c’est le silence total. Aucune figure du service public ni aucun représentant au niveau du ministère de l’Environnement n’a pipé mot sur le problème.Contacté par la rédaction de Haïti Climat, le directeur général de Direction nationale de l’Eau potable et de l’assainissement (DINEPA), Guito Édouard, n’était pas en mesure de répondre à nos questions.
Francesca Mintor