Haïti a connu au cours de son histoire, plusieurs centaines de tremblements de terre causant des pertes irréparables en infrastructures et en vies humaines. Le dernier qui s’est produit dans le grand Sud le 14 août 2021 laisse derrière plus de 2 mille morts et des centaines de blessés. Des mois après, les victimes sont abandonnées à elles-mêmes.
C’est dans ce contexte que Haïti Climat a reçu le docteur en Géophysique de l’institut de physique du globe de Paris et chercheur associé à l’URGEO de la faculté des Sciences à l’Université d’Etat d’Haïti (UEH), Newdeskarl St. Fleur pour aider son auditoire à mieux comprendre le phénomène.
« Là où la terre a tremblé elle tremblera encore », a lancé d’entrée de jeu le docteur Newdeskarl St. Fleur, traduisant l’aspect cyclique du tremblement de terre. Les failles sont les principaux éléments géologiques de ce phénomène qui malencontreusement ne sont pas toujours prêts à disparaître. Elles sont toujours actives, explique M. St- Fleur. « L’apparition du phénomène sismique peut-être expliquée par la pression des mouvements qui s’exercent entre les failles. Quand elles ne peuvent plus résister, elles rompent. Plus la vitesse de déformation des failles est élevée, plus le séisme sera fréquent, et la magnitude plus élevée », a-t-il souligné à l’émission Haïti Climat sur Radio Magik9.
A mesure que ces mouvements se font entre elles, les failles atteignent un seuil de rupture susceptible de provoquer un séisme. Il y a deux grandes failles qui bougent entre eux en Haïti, le septentrional dans le Nord et d’Enriquillo dans le Sud. « Aucun département n’est exempt au tremblement de terre dans le pays », prévient le spécialiste. « Haïti se situe sur une plaque tectonique. La surface du globe se divise en petits morceaux et tous ces morceaux bougent entre eux. Celui sur lequel nous sommes s’appelle plaque Caraïbes. Il est en mouvement avec la plaque nord-américaine », a dit le chercheur.
Le tremblement de terre du 14 août 2021 a été très violent et s’est accompagné de plusieurs glissements de terrain selon les études. « Je crains que nous soyons exposés à une séquence sismique pareille à celle du 18e siècle. Le séisme du 12 janvier 2010 a été propagé vers l’Ouest ainsi que celui du 14 août », révèle M. St Fleur. Pour répondre à la question, pourquoi faisant aussi partie de l’île, la République Dominicaine n’est pas frappée autant qu’Haïti par le séisme, le géophysicien soutient qu’elle n’est non plus épargnée et qu’elle a déjà subi plusieurs tremblements de terre dévastateurs.
Dans la foulée, M. St Fleur dément l’information faisant croire que le tsunami est automatiquement associé au tremblement de terre. Toute perturbation à grande échelle au niveau de la mer peut causer un tsunami et glissement de terrain sous-marin. Il existe sous la mer le même paysage terrestre dont des mornes, vallées, volcans et glissements de terrain. Quand un tremblement terre survient, l’énergie sismique libérée représente seulement 20 à 30 % de l’énergie totale. Tout le reste se dissipe, explique le spécialiste, ajoutant qu’il est difficile de prédire un tremblement de terre. « L’étude géologique et sismologique nous permet de faire des estimations et non des prédictions », termine-t-il.
Kattia Jean François