Le bien-être humain dépend en grande partie de la nature. Conserver et protéger la biodiversité demeurent donc une impérieuse nécessité. Corrélativement, la recherche scientifique et la mise en place de dispositifs pérennes sont appelées à jouer un rôle de premier plan dans le cadre des actions de conservation et de préservation de la biodiversité. Un avis que partage Pierre Michard Beaujour, agronome et doctorant en écologie et biodiversité, invité à l’émission « Haïti Climat » du jeudi 18 mars 2021 pour débattre autour du thème : « Mettre la recherche scientifique au service de la protection et la conservation de la biodiversité en Haïti ».
Toutes les espèces vivantes- l’homme, les animaux et les végétaux, sont interconnectées, interagissent entre elles et s’entraident. La destruction ou la disparation de l’une peut avoir de graves conséquences sur l’autre. « C’est ce qui m’a poussé à faire une étude sur les insectes. Mon travail consiste donc à expliquer la relation qui existe entre les milieux humides et certains groupes d’insectes notamment les libellules », confie l’agronome Beaujour.
Tous les pays nécessitent de la recherche scientifique pour leur bon développement, encore davantage les pays du Sud. La recherche scientifique vise à donner une certaine orientation entre la science et le monde de l’action. De nos jours, le concept de la biodiversité a suscité un très fort engouement dans la communauté scientifique. « Ici, en Haïti, il est extrêmement important de mener des recherches dans le domaine de l’environnement. Cela permet de connaitre le milieu biologique et de mieux utiliser les potentialités, de résoudre les problèmes, de découvrir la richesse du pays entre autres », affirme le jeune chercheur haïtien qui récemment a découvert une nouvelle espèce d’abeille dans le pays.
« Les recherches montrent qu’il y a environ 31 espèces d’oiseaux endémiques dans le pays et parmi ces 31 espèces, 10 sont en voie de disparition et 4 sont menacées.
Haïti figure parmi les pays les plus riches en diversité biologique. Il y a une variété d’espèces endémiques à protéger chez nous et qui jouent un rôle très important dans la résilience de l’écosystème. Cependant, on n’arrivera pas à les protéger sans les connaitre. La connaissance alimente elle-même les outils de protection et de conservation de la biodiversité. « Les recherches montrent qu’il y a environ 31 espèces d’oiseaux endémiques dans le pays et parmi ces 31 espèces, 10 sont en voie de disparition et 4 sont menacées. De ce fait, ces recherches doivent nous permettre d’établir des mesures de conservation et planifier de bonne gestion des zones qui présentent les diversités biologiques énormes », a fait savoir l’agronome Beaujour.
A la question comment peut-on tirer profit de notre richesse en biodiversité ? Le doctorant affirme avec assurance que c’est par la bonne gestion de nos aires protégées, notre système agricole sain, notre verdure et la découverte de nouvelles espèces pour attirer les touristes. Donc, si on évite de détériorer notre milieu naturel, sous-tend Pierre Michard Beaujour, les retombées économiques seront considérables.
Aussi la nécessité d’accentuer nos efforts pour le recueil des données et trouver des indicateurs pertinents dans les démarches d’une politique environnementale devraient-elles être mis en exergue. Dans ce contexte de crise de la biodiversité que connait Haïti, il y va de la responsabilité de tout un chacun de revoir son rapport avec la nature.
Pierre Michard Beaujour est membre d’une structure nommée CARIBAEA INITIATIVE, une ONG française qui accompagne des jeunes chercheurs de différents pays des Caraïbes menant des recherches dans leur pays respectif comme Cuba, Guadeloupe, République Dominicaine, Haïti dans le domaine de la biodiversité etc. Cette structure est présente dans la Caraïbe insulaire afin d’aider les pays en voie de développement à détenir leur propre moyen scientifique en utilisant des jeunes chercheurs venant desdits pays.
Kattia Jean François