Nous (re) publions (en deux temps) in extenso cet article de RFI très instructif sur l’histoire de la COP sur les Changements Climatiques
Depuis que nous savons que nous avons un problème de réchauffement climatique, le monde tente de développer une réponse planétaire. Pour ce faire, l’ensemble des pays signataires de la Convention Climat des Nations unies (CCNUCC) se réunit tous les ans lors de la conférence des parties, la COP. Une négociation internationale d’une extraordinaire complexité pour amener toutes les nations à développer une stratégie commune. Retour sur l’histoire des COP à l’heure où Glasgow accueille la COP26.
« Nous disposons encore de quelques années pour éviter les pires conséquences du changement climatique, mais l’action climatique doit pour cela devenir une réalité et une ambition de toutes et tous », prévient Laurence Tubiana, l’architecte de l’Accord de Paris et directrice générale de la Fondation européenne pour le climat.
L’émergence d’une prise de conscience environnementale
En 1972 à Stockholm, une première conférence des Nations unies adopte des principes pour une gestion écologique de notre environnement et place ses préoccupations au niveau international. La déclaration de Stockholm qui en ressort engage un dialogue entre pays en développement et pays industrialisés sur la notion d’universalité de ces questions écologiques quand on parle par exemple de l’air, de l’eau ou des océans. À l’issue de ce premier sommet est créé le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) autour d’un nouveau concept: le développement durable.
Mais vingt ans plus tard, le constat est encore plus alarmant. Les communications scientifiques se multiplient, documentent la détérioration de l’environnement et confirment que nos modèles de développement économique menacent de nombreux équilibres naturels. Pour y répondre, les Nations unies profitent de leur rassemblement décennal pour réunir tous les pays du monde en juin 1992 à Rio de Janeiro au Brésil : ce sera la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement surnommé « le Sommet de la Terre », qui sera considéré par beaucoup comme le véritable point de départ de l’action internationale sur les questions d’environnement.
La préoccupation climatique
Durant cette période, les recherches se multiplient dans de nombreux domaines et ceux qui travaillent sur le climat vont faire des découvertes surprenantes. La petite histoire raconte que pendant une expédition en Antarctique dans les années 1960, le chercheur français Claude Laurius, en observant des bulles qui se libèrent d’un glaçon qu’il a plongé dans son whisky, réalise que ces bulles d’air contiennent des informations sur le moment où elles ont été piégées par la glace. Lui vient alors l’idée d’aller chercher d’anciennes bulles d’air et de les analyser pour avoir des informations sur le passé. Des équipes de plusieurs pays s’intéressent à ces traces dans la glace et des forages sont réalisés dans la banquise pour prélever de plus en plus profondément des carottes de glace dans lesquelles se trouvent des bulles d’air piégées qui peuvent témoigner de l’air et du climat à différentes époques. Ces analyses sur des puits profonds en Antarctique vont permettre d’obtenir des informations sur plusieurs dizaines de milliers d’années et d’établir pour la première fois une véritable histoire du climat. L’analyse de ces données climatiques vont révéler, au-delà des variations habituelles, une augmentation croissante de la température à partir du début de l’ère industrielle.
Par ailleurs, les scientifiques observent une accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère et en 1979, un rapport de Jules Charney signale qu’un doublement de la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone (CO2) entraînerait une hausse des températures comprise entre 1,5 et 4,5 °C . De nombreuses études vont confirmer le réchauffement climatique. Le climatologue Hervé le Treut dans Reporterre se souvient : « On savait déjà que ces chiffres étaient énormes, équivalents à une transition glaciaire-interglaciaire. À l’époque, on émettait moins de gaz à effet de serre qu’aujourd’hui et cet horizon semblait encore assez lointain. Mais il n’a cessé de se rapprocher depuis. »
Pour pouvoir faire une synthèse de l’ensemble des connaissances scientifiques sur le climat, afin d’aider les décideurs à trouver des parades, sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) est créé, en 1988, le Groupe d’expert sur l’évolution du climat (le Giec). Le Giec produira un premier rapport en 1990 qui confirmera la gravité du phénomène et nous en sommes aujourd’hui au 6ème rapport qui ne cesse de confirmer l’aggravation de ces données si nous n’agissons pas.
Un Sommet pour la Terre
À l’occasion du Sommet de la Terre de 1992, l’ONU va faire du réchauffement climatique une de ses préoccupations prioritaires mais les problèmes sont aussi nombreux dans de multiples domaines. Pour mieux protéger la planète, le Sommet de la Terre va faire adopter une déclaration qui fait progresser le concept des droits et des responsabilités des pays dans le domaine de l’environnement en énonçant des principes fondamentaux permettant un développement durable sur la Terre. La déclaration de Rio qui est adoptée n’est pas qu’une simple réaffirmation de la déclaration de Stockholm pour souligner la nécessité de protéger la planète : elle va être aussi un compromis entre pays industrialisés et pays en développement. Car les pays en développement vont demander que leurs préoccupations propres soient plus largement prises en compte et surtout qu’on reconnaisse que les pays industrialisés sont les principaux responsables des problèmes écologiques actuels. Les pays en développement soulignent leur droit souverain au développement et ils réclament de nouvelles ressources et techniques qui ne soient pas polluantes comme celles utilisées dans les pays développés.
Même si la Déclaration de Rio n’est pas juridiquement contraignante, comme la déclaration des Nations unies sur les droits de l’homme, on espère que les gouvernements se sentiront moralement obligés d’adhérer à ses principes. Cependant le Sommet donne naissance à trois conventions : la Convention-cadre des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CLD), la Convention-cadre des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) et la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).