Rivière Glace se trouve dans le département de la Grand’Anse et représente un point chaud de biodiversité s’étendant sur plusieurs kilomètres. Elle possède un potentiel floristique énorme et regorge de plantes endémiques, malheureusement en voie de disparition. On peut trouver sur 1000 m2, plus de 10 plantes endémiques à Haïti et d’autres qui n’ont pas encore été identifiées. Citons, Tapura haïtiensis, Parenthesis parvifolia, Tabubia conferta, Brunfelsia picardaea, Elekmaniastenodon, Hernandia obovata et Vernonia saepinum, miconia.
« La majorité de ces espèces endémiques sont en voie de disparition. La population locale les considère comme de mauvaises plantes à éliminer et à brûler. Elles sont abattues pour la fabrication du charbon de bois, et constituent l’une des principales activités économiques des habitants de la zone », alerte l’agronome William Cinéa, fondateur et directeur du département de recherches scientifiques et de conservation du Jardin botanique des cayes. Des espèces naturellement concentrées dans une zone géographiquement limitée.
« Ces espèces sont uniques. Nous devons tout faire pour les conserver. Elles sont plus de 5 600 en Haïti. Nous sommes le deuxième pays après Cuba possédant la plus grande richesse floristique avec des variétés de plantes endémiques considérables », ajoute-t-il en entrevue à Haïti Climat.
Des initiatives urgentes pour sauver la « Rivière Glace »
Pour contribuer à résoudre ce problème, poursuit William Cinéa, le Jardin botanique des Cayes a réalisé plusieurs expéditions scientifiques dans les années 2014, 2018, et 2020 avec de hauts responsables de diversité et des aires protégées du ministère de l’Environnement pour entreprendre des actions de conservation et dans la perspective de sensibiliser les populations de ces départements afin de conserver certaines plantes endémiques vieilles de plusieurs décennies.
L’agronome confie à notre rédaction qu’en 2020, le Jardin botanique des Cayes a récolté des boutures pour assurer la reproduction de ces espèces en voie de disparition. Cette démarche s’inscrit dans le cadre du travail de sensibilisation, de prévention, de sauvegarde de l’environnement et de conservation du patrimoine floristique du pays. Le spécialiste se dit conscient de la criticité de cette menace réelle à la Rivière Glace située dans le département de la Grand’Anse,
Projet titré »0 extinction »
Les grandes étapes de ce projet, poursuit-il, seront : la prévention de la disparition de nos plantes endémiques, procéder à l’inventaire national pour pouvoir mesurer la particularité de notre richesse floristique et l’identification des plantes en voie de disparition.
« La conservation ex-situ, c’est-à-dire, la reproduction des plantes en cours d’abattage, ou brulées », souligne M. Cinéa. Les hauts responsables de biodiversité et des aires protégées du ministère de l’Environnement ont été invités à entreprendre des actions de conservation, tout en impliquant les habitants de la Grande’Anse aux initiatives visant à la protection et la valorisation de cet écosystème, à en croire William Cinéa.