Le Danemark et le Costa Rica font pression à la Cop26 pour mettre fin à l’ère du pétrole et du gaz. Mais leurs efforts se heurtent à des intérêts enracinés dans les combustibles fossiles lors des pourparlers sur le climat à Glasgow.
Le ministre danois du climat, Dan Jørgensen, et le ministre costaricain de l’environnement et de l’énergie, Andrea Meza Murillo, ont lancé un pavé dans la salle des négociations sur le climat : atteindre les objectifs de l’accord de Paris nécessite un déclin contrôlé de la production de pétrole et de gaz.
« Nous espérons qu’aujourd’hui marquera le début de la fin du pétrole et du gaz », a déclaré le ministre Jørgensen lors d’une conférence de presse à Glasgow, au Royaume-Uni.
Le charbon, le pétrole et le gaz ne sont pas mentionnés dans l’accord de Paris. De nombreux pays producteurs de combustibles fossiles veulent s’en tenir à parler des émissions plutôt que des sources d’énergie qui les sous-tendent. Et l’influence des lobbyistes de l’industrie est omniprésente.
En effet, les 503 délégués représentant l’industrie pétrolière et gazière au Scottish Events Campus, du pavillon de l’Arabie saoudite au pavillon du Japon, ont plutôt discuté de la façon dont ils entendent prolonger le fonctionnement de l’industrie en produisant de l’hydrogène à partir de gaz et en déployant une technologie de capture du carbone.
Au total, 27 pays ont inscrit des représentants des combustibles fossiles dans leur délégation officielle. Leur présence est suffisante pour influencer les décisions gouvernementales. « Ils n’ont pas besoin de dire quoi que ce soit, mais d’être là », se sont plaints des observateurs de la société civile.
Interrogé sur la présence du lobby des énergies fossiles lors d’une conférence de presse, le président de la COP26, Alok Sharma, a simplement répondu que chaque pays est libre de décider qui rejoint sa délégation.
L’Arabie saoudite, le plus grand producteur de pétrole au monde, s’est fortement opposée à l’inclusion d’une phrase dans le projet d’accord de Glasgow pour « accélérer la suppression progressive du charbon et des subventions aux combustibles fossiles ».
Les scientifiques avertissent depuis des années que le taux d’extraction de pétrole et de gaz prévu à l’échelle mondiale est incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris.
Un petit groupe de pionniers – dont le Danemark et le Costa Rica – déterminés à fixer une date pour la fin de l’extraction de pétrole et de gaz et à arrêter les nouvelles concessions, les licences ou les cycles de location, a procédé au lancement purement symbolique de Beyond Oil and Gas Alliance (Boga) à la COP26.
La France, l’Irlande, le Portugal et la Suède ont rejoint l’alliance, ainsi que le Groenland, le Québec et le Pays de Galles. Ensemble, la coalition de base représente 0,2% de la production mondiale de pétrole, selon les données de 2020.