Le thème retenu cette année pour la Journée mondiale de l’environnement est la « Restauration des écosystèmes ». Les Nations unies en ont profité pour lancer officiellement la Décennie pour la restauration des écosystèmes (2021-2030). En Haïti, le ministère de l’Environnement (MdE) a décidé de s’aligner sur cette initiative mondiale à travers le choix du thème national « ERE » qui renvoie à la fois à la période décennale susmentionnée et au sigle « Éducation environnementale, Reboisement et Énergies alternatives ».
La Journée mondiale de l’environnement est célébrée le 5 juin de chaque année dans le monde depuis 1972. Dans son message pour la circonstance, le titulaire du MdE, Abner Septembre, a précisé que ce 5 juin « n’est pas un jour de fête, mais plutôt une journée de réflexion sur notre environnement, ce bien commun au-delà des frontières géopolitiques ».
« C’est une journée qui nous invite à l’action durant les 364 autres jours de l’année. Si nous sommes tous concernés, chacun peut faire quelque chose, à commencer par des actions qui touchent à des changements de comportement, c’est-à-dire notre façon de vivre, de faire et d’être en relation les uns avec les autres, pour déboucher sur nos obligations directes de sauver notre environnement, en cultivant avec lui un rapport de connaissance, de compréhension et d’actions pratiques visant sa réhabilitation, etc. C’est une journée qui nous invite aussi et surtout à repenser la manière dont nos systèmes économiques ont évolué et l’impact qu’ils ont sur l’environnement », a déclaré le ministre Septembre invitant tout un chacun à faire quelque chose au profit de notre environnement, à commencer par ce qui est le plus simple ou le plus accessible.
Par exemple : éviter de jeter des déchets dans les rues et les canaux de drainage, dénoncer ou arrêter quelqu’un qui pose un acte préjudiciable à l’environnement, ou encore planter un arbre, etc.
Ce dernier exemple coïncide avec le défi mondial – la Décennie pour la restauration des écosystèmes (2021-2030) – ayant pour objectif de revitaliser des centaines de millions d’hectares, des forêts aux terres agricoles en passant par des montagnes jusqu’au fond des océans.
« Haïti a déjà perdu toutes ses forêts primaires, et les forêts restantes continuent de se réduire. Selon l’évaluation 2020 des ressources forestières mondiales de la FAO (FRA), la surface forestière est tombée en Haïti à 12,6% du territoire national, et le couvert boisé dans son ensemble est estimé à 36,3%. Alors que le taux annuel de déboisement était relativement contenu et stable entre 2000 et 2010 (0,19%), il a augmenté en 2011-2015 (0,34%), et s’est accéléré entre 2017 et 2019 (0,49%), après une année de dégradation record en 2016 liée aux impacts de l’ouragan Matthew (1,7%) », a fait savoir les Nations unies dans un communiqué.
Pour les Nations Unies, qui soutiennent les politiques du gouvernement haïtien en matière environnementale, notamment la Stratégie Nationale pour la Biodiversité dénommée « Haïti Biodiversité 2030 », la perte de biodiversité renforce les vulnérabilités, compromet le développement du pays et touche toutes les couches de la société haïtienne, surtout les femmes et les jeunes générations.
Aussi l’ONU a-t-elle rappelé l’importance pour les institutions publiques, la société civile, le secteur privé et les partenaires techniques et financiers d’intégrer les considérations de bonnes pratiques environnementales, tant dans leurs stratégies à long terme que leurs opérations à court terme.
Sensibiliser les usagers de la planète d’une part et les Haïtiens qui survivent sans penser au lendemain est aussi un vrai défi. « La presse a un rôle de vigile, mais pour que ce rôle soit complètement assumé, il faudrait qu’il y ait plus de journalistes spécialisés sur la question de l’environnement. En Haïti, nous avons malheureusement un paysage journalistique généraliste avec des journalistes plutôt penchés vers les informations politiques et sportives » a déploré Patrick Saint-Pré, coordonnateur général d’ACLEDD et co-fondateur de la plateforme Haïti Climat, qui intervenait à l’émission AGORA, chita pale sou dwa moun, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement.
Pour restaurer les écosystèmes terrestres et marins durant la décennie, le MdE se propose de travailler sur le Programme Stratégique « Plante ak Rekòlte Dlo » et le Programme Ville et Littoral Écologiquement Sains, avec une attention particulière sur les aires protégées et les bassins hydrographiques.
En cette occasion, le MdE a relancé la Table Sectorielle Environnement (TSE) et a échangé avec les acteurs du secteur sur la mise à jour du Plan d’Action pour l’Environnement (PAE). « Ce sont là les principaux outils qui vont leur permettre d’agir dans la cohérence et de faire œuvre qui apportent des résultats substantiels capables d’inverser la tendance pour un autre environnement synonyme de meilleure qualité de vie pour tous », a estimé le ministre Septembre.
Patrick SAINT-PRÉ