Pour les besoins de son étude doctorale en écologie et biologie des populations, Jean Marry Exantus, jeune chercheur haïtien, effectue actuellement des recherches sur une espèce d’oiseaux endémique d’Hispaniola au niveau du Massif de la Selle. C’est dans ce cadre-là qu’il a été reçu à l’émission Haïti Climat du 29 juillet 2021 où il a notamment fait le point sur l’avifaune d’un ensemble d’espaces verts dans l’arrondissement de Port-au-Prince.
« Rôle de la recherche scientifique dans le domaine de l’écologie en Haïti : étude de cas l’avifaune d’Haïti », est le thème débattu à cette émission spéciale sur l’avifaune d’Haïti. L’ingénieur-agronome Jean Marry Exantus en a profité pour exposer les résultats de ses recherches menées dans l’arrondissement de Port-au-Prince ayant conduit jusqu’ici à la collecte de 40 espèces d’oiseaux différents, pour un total de 20 903, dont 31 endémiques.
Ce travail a été mis en œuvre en 2018 sur 16 sites, dont 8 vestiges forestiers et 8 zones agro forestières. «Je me suis mis à travailler sur une espèce spécifique appelée merle de la Selle qui trouve son habitat au niveau du Massif de la Selle », a fait savoirJean Marry Exantus. Parmi d’autres oiseaux répertoriés, a poursuivi le chercheur, le caleçon rouge est un oiseau emblématique à Massif de la Selle (Parc la Visite) et Massif de la Hotte (Parc Macaya).
Le travail du gestionnaire des aires protégées consiste également à étudier la dégradation des habitats des espèces, de déceler le niveau de la déforestation durant ces 30 dernières années et de découvrir s’il existe un rapport de cause à effet entre la déforestation et la vulnérabilité de certaines espèces.
(Ré)écoutez notre émission du jeudi 29 juillet 2021 avec comme invité : Jean Marry EXANTUS, Ing-Agronome- Gestionnaire des APs et doctorant en écologie/biologie des populations, pour parler du rôle de la recherche scientifique dans le domaine de l’écologie en Haïti : Étude de cas l’avifaune d’Haïti»
«Une comparaison entre la population du merle de la Selle en Haïti et celle de la République dominicaine me permettra de décrypter le niveau de différentiation génétique de ces deux populations. C’est une espèce déjà menacée en Haïti quoique sa découverte n’a même pas encore 100 années», a souligné Exantus, doctorant en écologie et biologie des populations.
Les avifaunes – définies par l’invité comme étant un groupe d’oiseaux sauvages – remplissent plusieurs fonctions, dont certaines sont des indicateurs biologiques. Entre autres, elles permettent de reconnaitre un danger, d’assurer la survie, la dissémination et la chaine alimentaire d’autres oiseaux. Comme tous les autres espèces vivants, les avifaunes sont très importantes dans le géostrophique.
«En Haïti, les chiffres fournis en rapport avec la biodiversité ne correspondent pas toujours à la réalité, à cause d’une carence en recherches scientifiques. Ce travail entend non seulement repérer les avifaunes mais aussi passer en revue les zones étant considérées comme agroforesterie et vestiges forestiers de façon à révéler ce qui les abrite comme biodiversité», affirme le membre de Caribaea Initiative, une organisation internationale dédiée à l’étude scientifique et la conservation de la biodiversité caribéenne.
Jean-Marry Exantus dit appliquer une méthodologie qui consiste à parcourir des transects pendant quelques minutes à l’aube et au crépuscule dans le but d’observer les oiseaux directement ou à l’aide d’un télémètre.
Dans la foulée, l’ingénieur-agronome explique son intérêt à travailler dans les environs de Port-au-Prince. Ce choix vient d’un constat selon lequel l’arrondissement de Port-au-Prince est toujours relégué au dernier rang quand il s’agit d’effectuer des recherches en ressources naturelles. Cependant, il abrite des espaces verts et une biodiversité importante au même titre que le milieu rural.
En d’autres termes, cet arrondissement joue un rôle écologique majeur dans la bataille pour la protection de l’environnement. «C’est la raison pour laquelle j’ai jeté mon dévolu sur le Parc de Martissant qui jusqu’ici constitue mon bastion de recherche», a affirmé M. Exantus, plaidant pour la valorisation et la protection de tous les espaces verts quelques soit la quantité d’hectares qu’ils renferment.
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Le chercheur essaie de prospecter les zones vertes dans l’arrondissement de Port-au-Prince contenant de petites parcelles non-négligeables, afin d’étudier les espèces qui probablement peuvent être endémiques. Il en profite également pour remettre en question certaines définitions stéréotypées du mot « forêt » qui, selon lui, ne sont pas toujours cadrées avec notre situation en Haïti.
A la question, à quels genres de difficultés a-t-il été soumis dans le cadre de cette recherche, il a répondu ainsi : « […] les propriétaires me réclament souvent de l’argent pour m’autoriser à placer ma caméra sur leurs parcelles. Y compris le manque d’infrastructures routières et la non-accessibilité à certaines zones dites de non-droit ».
La plus grande menace des forêts en Haïti reste la pratique de l’agriculture, qui constitue un vrai défi dans la survie de l’espace et le morcellement des terres, quoiqu’ils soient des espaces déclarés d’utilité publique. L’invité a déploré l’absence des autorités concernées par ces aires protégées.
Un communiqué rendu public au mois de juin 2021 a fait la remarque suivante à propos de la recherche de Jean-Marry Exantus : « l’analyse des résultats montre que les deux types de sites, forêts secondaires ou surfaces agro forestières, présentent une richesse (en terme de nombre d’espèces) et une diversité similaire ». De ce fait, le doctorant encourage la recherche scientifique dans ces aires protégées et la création d’une plateforme d’aires protégées privées.