Le ministre de l’Environnement, James Cadet pour une énième fois, était l’invité à l’émission de Haïti Climat diffusée sur les ondes de la radio Magik9, le jeudi 9 juin 2022. Le ministre en a profité pour parler du mois de l’Environnement lancé le 1er juin, des actualités du ministère, des chantiers et des difficultés. « La situation est alarmante et critique », a déploré James Cadet, qui, d’emblée, appelle les entrepreneurs, les promoteurs à comprendre les enjeux environnementaux, outre ceux socio-économiques.
Le ministre les invite à ne pas négliger l’étude des impacts environnementaux, le plan environnemental et social. Il encourage les investisseurs à collaborer avec le ministère de l’Environnement (MDE). Selon lui, il faut travailler ensemble pour garantir et assurer l’avenir de la génération future. Au-delà de vos visions entrepreneuriales, il faut d’abord réfléchir sur les questions environnementales. L’appel est également lancé auprès des institutions financières qui financent des projets soit à travers des prêts ou des dons.
« L’approche environnementale doit être abordée depuis dans la question de la finance », a exhorté le ministre James Cadet qui encourage les financeurs à exiger la « non objection » environnementale délivrée par le MDE après observations techniques. Nombreuses sont les entreprises qui fonctionnent sans la « non objection » environnementale. Pour illustrer, le numéro un du MDE a pris, à titre d’exemple, le pullulement des stations d’essence.
Selon lui, la majorité des stations d’essence micro centre GPL (station gaz propane) n’ont pas la « non objection ».
Les enjeux socio-économiques pèsent lourd
Cependant, hormis la non-objection environnementale, le ministre reconnaît qu’elles sont déjà installées et créent de l’emploi. Ce qui n’est pas facile à décider, selon lui. Mais il croit que « pour garantir un cadre de vie meilleur non seulement pour nous et pour les générations à venir, aucun sacrifice n’est trop grand », a déclaré James Cadet qui appelle les investisseurs à comprendre l’impact de leurs investissements. Il espère tout de même travailler en collaboration.
« S’il revient à corriger, on corrigera ensemble, s’il y a à déplacer, on déplacera ensemble », promet le ministre. « Les enjeux socio-économiques pèsent lourd dans la balance », s’alarme le ministre. Exploitation de manière abusive sur nos ressources, l’occupation des espaces sensibles par la population (mornes, rivières, ravines, côtes, etc.), sont entre autres des défis environnementaux à confronter.
Dans un sentiment de responsabilité, le responsable demande à chaque haïtien.nne de s’engager avec le ministère de l’Environnement. « Parce que, que l’on veuille ou non, les normes environnementales s’appliquent et on les imposera et on les fera respecter », a martelé le numéro un du MDE.
Un mois pour conscientiser…
Le mois de l’environnement qui en est à sa troisième édition, lancé fin mai, selon James Cadet, est un appel pour conscientiser plus de personnes. C’est également pour mobiliser tous les acteurs du secteur. Par ailleurs, deux activités phares sont à prendre en compte dans le cadre du mois de l’environnement : gestion des déchets solides ; des documents de politiques ou de stratégies à réviser comme la Contribution déterminée au niveau national (CDN).
« Nous voulons lancer des actions d’éclat qui donneront des résultats objectivement vérifiables », a confié le ministre. Des actions dans le cadre de la gestion des déchets solides, le plan d’urgence des déchets solides lancé, écochallenge, campagne de reboisement, et autres. James Cadet estime que l’insalubrité est multiforme.
L’explosion démographique, effet migratoire, est entre autres les causes de l’insalubrité des rues. Selon la Banque Mondiale, 0,5 kg de déchets est produit par jour par individu. Suivant lui, l’aire métropolitaine produit trois mille tonnes de déchets par jour.
« L’État ne collecte que 12 % des déchets »
La fonction du ministère de l’Environnement a une dimension normative. Il est là pour régulariser le secteur avec le Service national de Gestion des Résidus solides (SNGRS) travaillant sous sa tutelle. Il est aussi là pour fixer les normes. Alors que l’État n’a pas la capacité pour ramasser, collecter, transformer et valoriser les déchets, au niveau du secteur privé, il y a beaucoup d’efforts à faire.
« L’État ne collecte que 12 % des déchets », a fait savoir M. Cadet. Des entreprises de ramassage d’ordures ne rendent pas grand service à la population, si on veut croire le ministre. Ils ramassent les déchets, puis les déversent quelque part dans la rue, sans les transporter dans le site de décharge.
Le SNGRS en a la lourde responsabilité en termes de collecte, de ramassage, de tri, de gestion des sites de décharge, de valorisation des déchets. « Tout le gouvernement s’engage, notamment les ministères les plus impliqués à donner une réponse rapide à l’insalubrité et la pollution », a promis le ministre de l’Environnement.
Un ‘’Task force’’ pour lutter contre les déchets
La lutte contre l’insalubrité ne sera pas aussi facile. Il y a d’un côté l’État qui ne collecte pas assez de déchets, et d’un autre, les entreprises de ramassage qui les déposent quelque part dans la rue. Ajouter à tout cela, le problème des sites de décharge. « Nos sites de décharges sont faits en dehors des normes environnementales », a relaté M. Cadet qui trouve qu’il faut remédier à ce problème. « Ce sont des choses à corriger ».
« Notre Task force est de nous concentrer sur la gestion des déchets solides », a déclaré M. Cadet qui estime que l’être humain ne peut pas cohabiter avec les ordures. « Notre objectif c’est de réduire à 40 % les déchets dans la rue », a-t-il promis. Recyclage, transformation, sont entre autres, la démarche que suit cette force opérationnelle pour une bonne gestion des déchets.
« Mettons-nous ensemble pour gérer l’environnement pour qu’on puisse avoir un cadre de vie favorable à tous », a appelé le ministre. La permanence est décrétée.
James Cadet n’est ni un obstacle ni un bras de fer dans ce combat pour la protection de l’environnement. C’est l’affaire de l’institution environnementale. « Même contre ma volonté, je serai obligé d’agir contre tout ce qui dégrade l’environnement par leur œuvre et leur investissement « , a-t-il insisté.
Entre-temps que ces promesses insolites atterrissent, la région métropolitaine de Port-au-Prince croule sous les déchets.
Jusly FELIX