Observant la situation du parc La Visite qui va de mal en pis en raison des activités d’exploitation sauvage auxquelles s’adonnent les habitants.es vivant autour du parc, la Fédération des Associations pour le développement communautaire de la Visite (FADECOV), a organisé, les 19 et 20 mars 2020, un congrès au local de l’École Nationale de Seguin en vue de sensibiliser la population et l’État sur la nécessité de sauvegarder le Parc La Visite, l’une des rares réserves écologiques restant en Haïti.
Les riverains ayant répondu à l’appel approuvent la démarche de la Fédération des Associations pour le développement communautaire de la Visite (FADECOV), trouvant les sujets discutés très pertinents. Identifiant les problèmes auxquels ils font face et faisant des recommandations à l’État, aux responsables communautaires et aux partenaires atteste leur volonté de s’engager à bien exploiter le parc au lieu de le détruire, espérant trouver d’autres alternatives économiques.
« La population souhaite voir des améliorations et se dit prête à prendre des engagements nécessaires », rapporte Exzéchiel Massillon, responsable de relations publiques de FADECOV. Ce congrès leur a permis d’être mieux informés sur les menaces qui sévissent sur le parc, dont les conséquences auront des impacts sur toute la population. Tout en exprimant son désir de voir de telle initiative comme ce congrès se reproduire, ils ont pris conscience qu’une bonne gestion du parc devrait être une priorité étant donné que leur bien-être en dépend.
Déclaré aire protégée par décret du 4 avril 1983, le parc de la Visite représente un espace d’une grande importance pour les localités avoisinantes en raison de sa nappe phréatique qui alimente la région en eau. Avec ce décret, l’État a pour obligation de mettre en place un personnel technique s’occupant de la gestion du parc. La délimitation de l’espace allait se faire plus tard, soit en 2013, l’article 4 du décret reconnaît la jouissance de l’espace par ses habitants moyennant une utilisation adéquate en matière de denrées à cultiver ou activités à entreprendre.
La FADECOV fait le constat d’une mauvaise exploitation du parc dû à un manque d’alternatives économiques. La population s’adonne à cultiver à l’intérieur du parc des denrées maraîchères comme : carotte, poireau, et à construire des maisonnettes avec de la chaux dans des espaces inappropriés. « De la vente de ses récoltes, elle se donne les moyens de subvenir à ses besoins, par exemple le paiement des frais scolaires de ses enfants », témoigne Ezéchiel Massillon.
« L’abattement incontrôlé des arbres aura des conséquences sur les sources d’eau qui risquent de s’assécher, et dans un contexte de changement climatique sachant que les forêts servent de puits pour stocker le carbone, le déboisement du parc va faire augmenter les effets du changement climatique », poursuit Ezéchiel Massillon.
L’ambiance était propice aux échanges sur les actions à poser pour sauvegarder le parc et aider la population à trouver d’autres alternatives les aidant à répondre à ses besoins les plus urgents, toutefois les instances étatiques invitées ont brillé par leur absence, notamment les responsables du ministère de l’environnement, les responsables de la direction départementale du Sud‘Est.
Erica Lopidas