A l’occasion de la Journée mondiale de la terre, le vendredi 22 avril 2022, le Plan national d’adaptation (PNA) a réuni les secteurs de la santé, de ressources en eau, de l’agriculture, du transport, entre autres, autour du thème : « Données climatiques, instrumentation et acteurs – situation et perspectives. »
Qu’en est-il de la collecte des données climatiques en Haïti ? Quelles sont les difficultés de l’Unité hydrométéorologique (UHM) et du Central national d’information géospatial (CNIGS) ? Fondée en 2015 à la suite de la fusion de deux entités de l’Etat, le Centre national de météorologie et le Service national des ressources en eau (SNRE), c’est l’UHM qui est chargée de la prévision atmosphérique et aéronautique en Haïti. Selon le géologue Frantz Paul de l’UHM, cette entité « assure l’analyse et la diffusion des informations sur les conditions météorologiques, hydrologiques et climatiques pour la prise de décision tant par l’Etat haïtien ou tout autre instance concernée ». Non sans difficultés.
« Le ministère de l’Agriculture a réduit le budget des données des stations manuelles du pays. Pour faire face à cette situation, la communauté internationale a mis en place plusieurs stations de collectes de données automatique qui n’ont pas besoin de collecteurs, a expliqué Frantz Paul dans son intervention. Plusieurs panneaux solaires qui alimentent ces stations ont été volés à cause d’un manque d’implication communautaire des populations au niveau des zones où ces stations sont installées. Lors de l’installation des stations, il faut intégrer la communauté, pour les informer sur l’importance des stations, pour éviter ces dérives », a-t-il recommandé.
Le géologue préconise un travail de « validation des stations manuelles, la résolution des problèmes techniques des stations par la maintenance et l’achat des pièces de rechange quand c’est nécessaire et fournir le per diem pour le déplacement des cadres. Ce qui faciliterait la collecte des données climatiques, le traitement et leur mise en disponibilité aux acteurs concernés pour une meilleure prise de décision. »
De son côté, l’ingénieur Boby Piard du Centre national d’information géospatial (CNIGS) a aussi exposé les forces, les faiblesses de l’institution en mettant l’accent sur les leçons apprises durant les 9 ans de la gestion des stations de captage de données climatiques. L’ingénieur affirme que son unité assure le montage et le démontage des composantes et l’installation de chaque station tout en garantissant une « exploitation cohérente de l’ensemble des stations ». Contrairement à l’UHM, M. Piard a indiqué que l’un des points forts de son réseau c’était l’impossibilité de voler les panneaux solaires du fait que leur système possède des panneaux solaires intégrés dans la composante globale du système rendant difficile l’enlèvement de l’appareil. « En revanche, l’une des faiblesses c’est la difficulté de configurer la communication entre la station et le serveur qui se trouve au niveau du CNIGS. La communication se fait à sens unique, c’est-à-dire la station peut communiquer au centre alors que l’inverse n’est pas possible. »
L’ingénieur Piard explique que le placement d’un gardien fiable au niveau des stations permet d’assurer la surveillance et le nettoyage de l’espace (souvent dans des champs) pour permettre aux capteurs de mesurer les paramètres climatiques. « Pour assurer une meilleure gestion du système, le paiement des frais aux gardien pour la surveillance et le nettoyage des stations doit être régulier pour éviter un dysfonctionnement de celles-ci », a-t-il dit. « Il faut avoir la capacité de garantir un service de maintenance sur le terrain pour assurer le remplacement des pièces pour le remplacement de façon obligatoire pour maintenir le réseau fonctionnel en permanence. Assurer une gestion des stations qui sont éparpillées un peu partout sur le territoire national, notamment au niveau de l’aéroport Toussaint Louverture permet le stockage des bases de données de façon sécuritaire. L’analyse de ces données est soumise à l’exploitation surtout par l’UHM pour la production de bulletins météorologiques », a expliqué l’ingénieur Boby Piard.
Intervenant à la conférence, l’ingénieur agronome Yvio Georges a, quant à lui, présenté l’importance des données climatiques dans l’application des outils d’adaptation et d’aide à la décision mettant en évidence l’utilisation de l’outil Soil and Water Assessment Tool (SWAT). « Cet outil hydrologique permet de manipuler et d’analyser les données hydrologiques et agronomiques en vue de prédire les effets de la gestion des terres sur la ressource hydrique, les sédiments, entre autres », a-t-il dit.
Le docteur Jean Vilmond Hilaire, consultant du projet PNA, indique que quatre facteurs sont pris en compte dans l’analyse des données climatiques : la température, la pluviométrie, l’humidité et le rayonnement solaire. « Ces données couvrent malheureusement un très faible pourcentage du territoire haïtien et restent sur les basses et moyennes altitudes », a-t-il déploré.
Le projet PNA financé par le Fond Vert pour le Climat (FVC) a été mis sur pied par le Ministère de l’environnement (MDE) et le Ministère de la planification et de la coopération externe(MPCE) dans le but de contribuer à une meilleure intégration de l’adaptation aux changements climatiques dans les politiques et les stratégies nationales de développement dans le souci pour Haïti de s’aligner aux accords internationaux.