« Agroécologie et sécurité alimentaire » est le thème traité par l’équipe de « Haïti Climat » tout au long du mois de février. Parmi les différents intervenants reçus, Antonio Antoine, MSc. qualité et sécurité alimentaire, spécialiste en sciences et technologie des aliments, est le dernier convié en date du jeudi 25 février 2021 dans le cadre de cette série d’émissions spéciales pour discuter autour :
« Du contrôle de qualité des produits agro-alimentaires dans la lutte contre l’insécurité alimentaire en Haïti ».
Une alimentation saine et bien équilibrée est importante pour le maintien de la santé et du bien-être. En d’autres termes, un bon contrôle de qualité de l’alimentation s’avère nécessaire tout au long de la vie de l’être humain. Par contrôle de qualité, on retient un ensemble de procédures qu’une entreprise doit mettre en place afin de s’assurer que les produits qu’elle va lancer sur le marché sont des produits sains, satisfaisant l’attente des consommateurs. En outre, le contrôle de qualité doit combler et les besoins implicites et ceux qui sont exprimés par les consommateurs. Pour y parvenir, Antonio Antoine encourage donc la mise en place d’un département de recherches, de développement et d’innovations dans les entreprises de production afin de connaitre les vrais besoins des consommateurs.
« Les institutions placées pour défendre les droits des consommateurs sont malheureusement aux abonnés absents »
La population haïtienne est exposée par rapport au manque de contrôle de qualité et par manque de formation et d’information. « Les institutions placées pour défendre les droits des consommateurs sont malheureusement aux abonnés absents », déplore le spécialiste. Quand une entreprise lance un produit sur le marché, explique-t-il, l’État doit s’assurer que la population ne va pas tomber malade après consommation. Il doit mettre l’accent sur le contrôle de qualité y compris une bonne politique nutritionnelle. Si le système de contrôle de qualité est défaillant cela engendrera un problème de santé publique. En effet, il incombe à l’État de préparer des guides de bonnes pratiques pour les entreprises de production et de les exiger à respecter les normes. « Il n’y a aucun contrôle sur les produits qui sont sur le marché. Cette absence de cadre règlementaire fait que n’importe qui peut mettre n’importe produit sur le marché », avertit M. Antoine avant de reconnaitre l’existence d’un certain effort qui se fait au niveau du Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI).
« La gestion de la qualité est globale, de ce fait elle doit être pris en compte depuis la production jusqu’à la commercialisation. En Haïti, il y a un problème flagrant de qualité, néanmoins une bonne gestion de qualité est à la fois bénéfique pour l’entreprise et le développement économique du territoire en question » soutient celui qui détient un master en qualité et sécurité alimentaire. Pour parvenir au développement d’un pays on doit nécessairement atteindre un essor économique, et cet essor, on peut l’espérer avec la mise à contribution des ressources internes dudit pays. Alors, si on exporte plus et importe moins on peut éviter une balance commerciale déficitaire.
Dans la foulée, le spécialiste note que les entreprises à mettre l’accent sur le contrôle de qualité sont celles qui exportent uniquement. Car, la règlementation à l’exportation est très stricte. En Haïti, il n’y a presqu’aucun laboratoire d’analyse pour les produits destinés à l’exportation. Ce travail se fait pratiquement dans les pays importateurs. « Sans un bon contrôle de qualité sur les produits voués à l’exportation, on peut dire adieu au commerce international », met en garde Antonio Antoine.
Si la qualité est aujourd’hui considérée comme un enjeu de taille, réduire l’insécurité alimentaire de façon durable en Haïti constitue le plus grand défi, et aucun espoir d’un retournement de tendance n’est permis jusque-là. Etant donné l’importance de l’activité agricole à la fois pour l’alimentation de la population et le développement du pays, des politiques publiques adaptées s’imposent pour assurer l’augmentation de la production tout en tenant compte du contrôle de qualité des produits agro-alimentaires.
Kattia Jean François
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