«Du plomb dans l’eau de consommation de Haïti : causes environnementales et impacts sanitaires», tel a été le thème autour duquel le médecin Claudy Junior Pierre a entretenu l’auditoire de l’émission Haïti-Climat du jeudi 31 mars 2022 en marge de la célébration de la journée mondiale de l’eau célébrée le 22 mars.
Claudy Junior Pierre, docteur en médecine et épidémiologiste, a attiré l’attention des auditeurs.rices de Haïti-Climat sur les impacts et dégâts de la présence du plomb dans le sang. « Le plomb n’est pas un élément naturel qui se trouve dans le corps humain, mais qui est apporté, soit par inhalation ou par voie transcutanée, explique le docteur Pierre. La présence du plomb dans le sang est sujette à de graves maladies comme les maladies cardiovasculaires et l’insuffisance rénale. »
71% des personnes dépistées sur un échantillon de 2 504 ont du plomb dans leur sang, révèle une étude réalisée à Port-au-Prince. « C’est problématique vu que le corps ne contient pas de plomb naturellement », estime le spécialiste.
Si la gestion de l’eau potable est encore informelle, du fait qu’il n’y a aucune législation sur la question en Haïti, le système d’adduction d’eau potable haïtien, majoritairement constitué de tuyaux fait à base de plomb, représente un grave danger pour la population haïtienne. La plombémie, l’une des conséquences de la contamination de l’eau, vient s’ajouter à la longue liste de maladies dont souffre une grande majorité d’Haïtiens.
Par ici pour (ré)écouter le podcast de l’émission du jeudi 31 mars 2022 avec notre invité le Dr. @ClaudyJuniorPI1 pour prendre connaissance des impacts sanitaires de la contamination de l’eau par le plomb. https://t.co/hlW12O8A76
Le plomb dans l’eau consommée provient soit de la dégradation des matériels de stockage de l’eau, soit par inhalation de produits faits à base de plomb comme la peinture ou les batteries mal recyclées. Pour résoudre le problème, il faudrait éliminer la canalisation faite à partir de tuyauterie à base de plomb, affirme le docteur. Un problème que le simple citoyen aura du mal à résoudre par lui-même en raison du coût d’un tel projet.
L’aspect économique de ce problème traduit le manque de moyens des Haïtiens, surtout les gens qui vivent en milieu rural d’avoir accès à de l’eau potable. La catégorie la plus fragilisée par ce problème est les enfants, qui subissent un retard de croissance.
D’autant plus que le dépistage de la plombémie est coûteux, à date il n’y a pas de laboratoire qui s’occupe de ce test en Haïti. La responsabilité incomberait aux ministères de la Santé et de l’Environnement de prendre en main ce phénomène par une politique sanitaire et environnementale plus stricte pour résoudre le problème.
« Une simple politique environnementale et sanitaire peut résoudre 60% de ces problèmes, donner les possibilités pour traiter l’eau, imposer des règlements de canalisation et de stockage de l’eau aux distributeurs privés seraient des moyens qui permettraient de diminuer les impacts de la plombémie, une maladie mortelle », a soutenu l’épidémiologiste.
Selon le médecin, la transition épidémiologique est encore impossible en Haïti à cause des maladies infectieuses, notamment les maladies hydriques, c’est-à-dire qui proviennent des eaux contaminées. Et la plombémie, qui représente un sérieux problème, vient s’ajouter à une liste déjà très longue.
Erica Lopidas