À l’instar des autres fléaux environnementaux, la question du changement climatique est plus que d’actualité et fait l’objet d’une mobilisation mondiale. De nos jours, l’adaptation au changement climatique semble être transversale dans quasiment tous les domaines d’études dont l’agriculture, secteur sensible aux enjeux aussi vitaux que la sécurité alimentaire.
Pour en débattre, l’émission Haïti Climat a reçu, le jeudi 11 février 2021, l’ingénieur-agronome, également professeur d’université, Jean Rusnel Etienne, autour du thème : « l’agriculture de demain dans le contexte du changement climatique en Haïti ».
(Ré) écoutez le podcast de l’émission avec l’enseignant-chercheur Jean Rusnel Etienne
Le changement climatique représente une grave menace pour l’agriculture en général car, l’une des conditions qui empêche le bon développement des récoltes c’est la variation climatique. En ce sens, il devient impératif de concilier le rendement agricole et la préservation de l’environnement qui, de nos jours, s’inscrivent dans l’ordre de l’évolution de l’humanité. Le changement climatique se traduit par plusieurs évènements qui modifient les conditions de production agricole.
De ce fait, une adaptation de l’étude en agronomie avec les composantes du développement durable s’avère nécessaire, a déclaré M. Jean Rusnel Etienne. Il faut que les facultés d’agronomie s’attellent à effectuer des recherches dans le secteur agricole, notamment dans le milieu paysan afin d’augmenter les rendements, soutien-t-il.
Interrogé sur ce qu’est l’«agriculture de demain », le spécialiste affirme que c’est une agriculture d’adaptation visant à nourrir la population présente et celle à venir correctement et durablement.
L’agro-écologie est cette science mettant l’agriculture au service du développement afin d’instaurer une croissance durable dans un contexte de libéralisation des échanges, réchauffement climatique global, l’extension des vies sur les meilleures terres agricoles, mouvement migratoire (fuite de cerveau) etc. L’agro-écologie, comme étant mouvement, pratique et science n’est pas sans enjeux selon M. Etienne qui évoque en effet une population croissante avec des produits de qualité ; des coûts modérés ; des actions sans dommage pour notre cadre de vie et l’environnement.
La pauvreté est un phénomène reposant sur une organisation sociale qui se relève inadaptée. L’agronome martèle que c’est la pauvreté qui favorise la faim en Haïti, qu’il ne s’agit pas réellement d’un problème de production vu qu’il y a un surplus mondial de nourriture. La faim est plutôt due à un problème d’inégalité de revenus qui empêche de se procurer de la nourriture.
M. Etienne se porte garant que l’« agriculture de demain » peut apporter des solutions et protéger les cultures des paysans mais c’est à l’Etat d’instaurer des droits de douanes stricts sur tous nos produits et se sert de cet argent pour investir dans des chantiers à haute intensité de main d’œuvre dans le milieu urbain.
L’adaptation des systèmes de production agricole au changement climatique revient à identifier les modes d’adaptation convenables par rapport au type de culture pratiquée. Pour avoir une agriculture moins vulnérable au changement climatique, il faudrait l’adapter à l’écologie tout en prenant en compte le milieu en question. Le spécialiste a donc plaidé pour une association des cultures pour faire face aux aléas tout en décourageant la monoculture et toutes les externalités négatives qui y sont relatives.
Changer d’habitude n’est pas chose aisée. En Haïti, nous avons toujours tendance à prioriser ce que nous avons l’habitude de faire au préalable. Mais le dérèglement climatique qui atteint notre planète nécessite des interventions concrètes et rapides. Donc, il ne suffit de parler de la protection de l’environnement mais prendre des mesures nous permettant de faire faire face aux grands défis environnementaux afin de satisfaire les besoins avec durabilité.
Kattia Jean-François