Patrick Saint-Pré, journaliste et directeur général de Haïti Climat qui est une plateforme multimédia spécialisée en environnement, changement climatique et énergies renouvelables, est intervenu sur les ondes de Magik 9 (100.9) le jeudi 10 novembre 2022 à l’émission éponyme. L’envoyé spécial pour la 27e Conférence des Parties (COP 27), organisée du 6 au 18 novembre à Charm El-Cheikh en Égypte, a dressé un compte-rendu détaillé de l’ouverture et du déroulement de la première semaine de cette conférence internationale.
Haïti Climat renouvelle son engagement d’être l’ouïe et la vue du public haïtien, question de vous faire vivre en temps réel les négociations de cette COP et ainsi chaque décision prise durant les débats. Depuis Port-au-Prince, pour cette deuxième aventure dans la série prévue pour la COP d’Afrique, Kattia Jean François, présentatrice, a reçu son co-présentateur qui intervient en direct de la terre des Pharaons. Saint-Pré, au début de son compte-rendu fidèle, a fait le point sur l’ouverture de la conférence des Nations Unies en rappelant la date et les précisions nécessaires.
« Le lancement de la COP a été fait le dimanche 6 novembre dernier avec une cérémonie officielle marquée par la passation de flambeau du président de la COP 26 au président de la COP 27, le ministre des Affaires étrangères de l’Égypte [Sameh Shoukry] », a rapporté le journaliste qui ajoute que, comme la tradition le veut, la présidence de la COP en question doit être attribuée au pays organisateur de la nouvelle édition. L’année précédente, la COP 26 s’est déroulée à Glasgow, au Royaume-Uni donc la présidence a été assurée par les Britanniques. Cette réunion de grande envergure, désignée aussi « COP de l’implémentation », a vu défiler une centaine de chefs d’État.
« Le lundi 7 et le mardi 8 novembre, c’était le sommet des chefs d’État. Ces derniers ont eu à prendre la parole afin de délivrer leur message », a-t-il informé. « Parmi les plus marquants, il y a le discours du chef d’État d’Antigua et Barbuda, celui de la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, connue pour ses allocutions touchantes », a précisé notre envoyé spécial. « Nous nous trouvons dans le pays qui a bâti les Pyramides figurant parmi les 7 merveilles du monde, alors nous pourrons faire tout ce que nous voulons faire en Égypte, car ce pays à la réputation d’étonner le monde », a transcrit le co-présentateur de Haïti afin de nous permettre d’écouter une partie des propos de la Première ministre de la Barbade.
Elle en a profité, a poursuivi Saint-Pré, pour réprimander les pays possédant des compagnies pétrolières qui participent à la pollution du monde en exploitant l’énergie fossile. Elle plaide pour qu’on leur impose des taxes et ainsi verser de l’argent aux pays en développement pour qu’ils puissent faire les adaptations nécessaires. Financement des pertes et dommages La question de financement des « pertes et dommages » a été très présente sur les tables de négociations. Notre envoyé nous en a même révélé un exemple. Selon ce que nous a rapporté le directeur de la plateforme Haïti Climat, le Pakistan a été touché par des événements climatiques au cours de l’année, créant ainsi des millions de sinistrés suite aux inondations.
« Son chef d’État demande à ce que des financements lui soient accordés et profite pour rappeler que ce qui arrive au Pakistan ne se limitera pas à son territoire, d’autres pays seront touchés », a-t-il ajouté. La journée du mercredi a été consacrée aux demandes de financement, particulièrement du côté des pays africains qui demandaient aux pays riches de tenir leurs promesses. « Les pays pauvres, n’étant pas responsables du phénomène climatique, en sont les principales victimes. De ce fait, les pays qui avaient pris des engagements envers eux doivent les respecter, car ces derniers sont vulnérables » a avancé notre journaliste qui intervenait depuis la ville balnéaire, Charm el -Cheikh.
Habituellement, dans la programmation de la COP, il y a une partie réservée aux annonces. Le Royaume-Uni, à travers son Premier ministre, a annoncé qu’il allait tripler le budget destiné aux adaptations qui passent de 500 millions à 1,5 milliard de livres sterling. L’Autriche, de son côté, annonce qu’il va mettre des fonds disponibles pour les pertes et dommages, soit 50 millions d’euros. Toujours selon les propos de Patrick Saint-Pré, assurant la couverture de cette COP.
Des présences remarquables et des absences pesantes
Beaucoup de pays sont représentés à cette conférence. Cependant, il y a des absences qui sont pesantes.
« Prenons le cas de la Chine qui est le deuxième pays émetteur de gaz à effet de serre participant à la pollution de l’environnement mondial. Le président de la Chine, Xi Jinping, qui commence à peine son troisième mandat, n’a pas fait le déplacement. Il va sûrement utiliser le Covid-19 comme excuse », a remarqué celui qui joue le rôle de « vue » pour notre plateforme. La Russie, l’un des principaux pays exportateurs de carburants, n’a pas de représentants. Le prix fossile du jour a été décerné au Japon dont aucun représentant n’a effectué le déplacement. Le « Fossil of the day » ou le prix fossile du jour est le résultat des données compilées par un réseau de près de 1000 ONG. Ces données contiennent des informations concernant les pays qui ont dépensé le plus d’argent dans les énergies fossiles qui entrent dans la pollution mondiale.
Le Japon a donc reçu ce prix parce qu’il a dépensé près de 10 milliards de dollars entre 2019 et 2021 dans le but de financer des exploitations fossiles. Le président américain Joe Biden n’est pas encore arrivé, mais il a promis d’y être. Le président sénégalais y participe. Le Premier ministre britannique est de la partie, bien qu’il ait fait planer le doute sur sa présence. Les présidents français, Emmanuel Macron et vénézuélien, Nicolas Maduro y sont. Ils ont d’ailleurs été filmés en train de se serrer la main, suscitant ainsi des questions sur le possible revirement de la France vers le Venezuela pour se procurer du pétrole étant donné que la Russie a décidé de fermer le robinet sur l’Europe en raison de leur relation suite aux conflits l’opposant à l’Ukraine.
Il faut noter qu’en 2019, la France faisait partie des pays qui refusaient de reconnaître la réélection de Nicolas Maduro. Tout cela permet de faire une fixation sur les enjeux géopolitiques qu’occasionne la COP.
Les groupes de négociations
Au cours de La COP 27, il y a un éventail de sujets à débattre, a fait savoir notre envoyé. Chaque pays a prévu de faire quelque chose. Il y a aussi des groupes de négociation. « Haïti fait partie de trois groupes de négociations : le groupe des Pays moins avancés (PMA) qui sont au nombre de 146 ; le groupe des 77 pays les plus vulnérables et la Chine ; les Petits États insulaires en développement (PEID », a développé Patrick Saint-Pré. Tous ces groupes ont leur agenda. Il faut noter qu’à la COP, les pays ne négocient pas de manière individuelle. 194 pays font partie de la Convention qui organise l’événement.
« S’il devait y avoir des négociations individuelles, il y aurait donc 194 sujets de négociations. Il est donc préférable qu’ils soient regroupés et que le groupe apporte le sujet de discussion », a expliqué le journaliste environnemental. Selon Patrick Saint-Pré, ce qu’il faut retenir de la première semaine de La COP est que le changement climatique est réel et il y a une prise de conscience des dirigeants ayant pris la parole. Des tentatives sont menées afin de respecter les engagements. Les pays en voie de développement commencent à lever la voix, veulent se faire entendre pour faire avancer la lutte contre le phénomène climatique. Il y a le mouvement estudiantin qui vise à protester contre les financements dans les énergies fossiles ainsi que des projets visant à lutter contre la déforestation.
Woo-Jerry Mathurin