L’émission Haïti Climat a reçu ce jeudi 10 mars 2022 son envoyé spécial pour la 27e Conférence des Parties (COP 27) organisée à Charm el-Cheikh en Égypte, Patrick Saint Pré, journaliste et directeur général de la plateforme éponyme, et la directrice des changements climatiques du ministère de l’Environnement (MDE), Mme Gerty Pierre. Les deux ont fait le point sur l’ouverture et le déroulement de la première semaine de la COP 27.
Haïti Climat a traversé les frontières, fendu la mer Rouge pour permettre à ses auditeurs de suivre le déroulement de la COP d’Afrique et les décisions qui y prennent en direct. Pour cette deuxième émission dans la série prévue sur cette conférence internationale, Kattia Jean François, présentatrice, a reçu son intervenante et son co-présentateur par téléphone depuis les studios de Magik 9 à Port-au-Prince.
Dès sa prise de parole, Gerty Pierre nous a informés sur la délégation haïtienne qui, selon ses dires, est multisectorielle et est composée de cadres du ministère de l’Environnement (MDE), de cadres de la Direction des changements climatiques, de membres de la société civile tels qu’ACCLEDD [Action pour le Climat, l’Environnement et le Développement durable], d’un représentant des jeunes qui luttent contre les changements climatiques en Haïti, d’agences internationales comme le PNUE et l’UNESCO. Le tout fait partie de la délégation haïtienne.
« Nous sommes arrivés et les activités se démarrent illico. Haïti doit participer à de nombreuses activités et débats. Étant donné que nous faisons partie de plusieurs groupes de négociations, l’essentiel était de nous joindre aux autres [pays] pour défendre des intérêts de groupe, et non individuels », rapporte le cadre du MDE. Nous participons, raconte Mme Pierre, à plusieurs réunions de coordination, notamment avec les Petits États insulaires en développement.
Le numéro un de la Direction des changements climatiques a aussi mentionné les rencontres de la délégation avec le Groupe des 77 et la Chine, et aussi, avec les PMA [Pays moins avancés] composés de pays africains, asiatiques et issus de la Caraïbe, tels que Haïti. Outre les sempiternelles négociations sur le climat, des événements parallèles figurent sur la liste des tâches de l’équipe.
« Nous participons également à des événements parallèles où nous présentons les actions climatiques que nous entreprenons en Haïti à travers d’autres plateformes, comme la plateforme de la francophonie », affirme la représentante qui évoque aussi des discussions autour des documents stratégiques élaborés.
Ce que défend Haïti pendant cette COP
La position défendue par notre pays préoccupe ceux et celles qui suivent la COP 27 de près. Interrogée sur ce point, la directrice a répondu : « La position défendue par Haïti est que les PEID trouvent les moyens nécessaires pour lutter contre les changements climatiques.
C’est également une possibilité de défendre l’argent que les pays développés ont promis d’allouer à nous [les pays en développement] », assure Gerty Pierre. « Nous savons que nous ne sommes pas de grands émetteurs de gaz à effet de serre (GES), par contre nous sommes vraiment impactés par les grandes industries des pays développés qui émettent de grandes quantités de gaz carboniques ou d’autres GES », plaide-t-elle.
« Nous sommes en train de défendre afin qu’ils acceptent de verser ce fonds et que nous puissions le recevoir », continue-t-elle.
Pertes et dommages à l’ordre du jour pour la première fois
La responsable des changements climatiques mentionne le fonds qui devrait allouer aux PEID grâce aux pertes et dommages qui se retrouvent dans les débats pour la première fois depuis 27 ans. « C’est avec joie que nous avons reçu cette nouvelle, car Haïti est très vulnérable et se trouve sur les trajectoires des ouragans majeurs qui nous laissent bien des dégâts quand ils nous traversent », se réjouit Mme Pierre qui croit que le montant qu’on impartirait à notre pays servirait pour venir en aide aux personnes vulnérabilisées par les préjudices du climat.
Pour les prochains jours, avec l’arrivée du ministre de l’Environnement, James Cadet, Haïti doit prendre part à des événements parallèles et d’autres de haut niveau dans lesquels le numéro un du MDE intervient pour parler de notre position en tant que pays vulnérable. C’est aussi l’occasion de présenter notre Plan national d’Adaptation (PNA) et de parler de notre Contribution déterminée au niveau national (CDN).
Par ailleurs, elle exhorte les anti-COP qui estiment que la délégation ne défend jamais rien. « Des gens affirment sur les réseaux sociaux que nous sommes au nombre de soixante (60), nous ne sommes même pas une dizaine, notre pays connaît une période difficile. Nous faisons certes partie des groupes, mais si Haïti n’est pas présent, les autres négocieraient à notre place », défend la directrice.
Woo-Jerry Mathurin