Un an après le séisme dévastateur de magnitude 7,2 qui a secoué les départements des Nippes, de la Grand’Anse et du Sud laissant un lourd bilan, le relèvement et la reconstruction, promis et attendu, sont au point mort.
Selon l’économiste Kesner Pharel, en raison des multiples catastrophes que subit Haïti au cours de ces dernières années, le pays ne connaît pas moins de trois PDNA (Post-Disaster Needs Assessment) en moins de 30 ans. Le premier se réfère au séisme meurtrier qui a laissé Port-au-Prince et ses environs en ruine en 2010. Le second, au cyclone Mathieu qui a frappé le grand Sud en 2016, et plus près de nous, le troisième qui concerne malheureusement pour une énième fois la péninsule sud ravagé par le séisme dévastateur du 14 août 2021. Alors que le dernier PDNA en question est évalué à hauteur de 1,6 milliard de dollars de pertes enregistrées suite au tremblement de terre, selon l’économiste, la région aurait nécessité 1,9 milliard de dollars pour se remettre en état.
Au cours de son intervention, Kesner Pharel a aussi mis l’accent sur des moments historiques qui ont marqué la vie politique et économique du peuple haïtien. Selon lui, de nombreuses crises confrontées ces trente années écoulées, soit un échantillon allant de 1991 à nos jours, ne sont pas sans conséquences sur le pays. « Tous ces problèmes combinés faisant considérer Haïti comme un pays producteur de désastres politiques et consommateurs de désastres naturels », a déclaré l’économiste Kesner Pharel lors d’une intervention sur les ondes de la radio Magik 9. Si pour certains, il suffit d’être informé du bilan pour savoir ce qui a été fait ou pas, pour l’économiste, c’est beaucoup plus que ça.
« Cette analyse est un résultat du comportement humain, politique, économique et social », a-t-il ajouté pour signifier le débat autour du bilan post-séisme. Par ailleurs, l’économiste estime qu’il n’y a pas de grandes avancées depuis la catastrophe. « Il n’y a pas grand-chose qui a été réalisé », a-t-il estimé. Kesner Pharel a, au passage, souligné la passivité de l’État et l’inactivité du secteur privé. Ces derniers, d’après ses dires qui n’ont pas véritablement passé à l’action dans la reconstruction du grand sud.
Le gouvernement central se trouve au beau milieu de beaucoup de problèmes à résoudre. Le gouvernement local est très faible et le secteur privé qui devrait être là n’y est pas, a-t-il déploré. Pour l’économiste, ce bilan constaté un an après ce tremblement de terre dans le Sud n’a rien de surprenant. « Ce résultat qu’on a aujourd’hui c’est ce à quoi il fallait s’attendre. Aucun PDNA n’a jamais eu de suivi réel », a déploré l’économiste.