Pour emboîter le pas dans la course contre le changement climatique, un symposium a été organisé le samedi 14 mai dernier à l’Université Quisqueya par le docteur Kenzy Jean Pierre, dans le but d’inviter le secteur sanitaire à s’impliquer par une gestion écologique des déchets hospitaliers en Haïti.
Le docteur Kenzy Jean Pierre est l’un des bénéficiaires d’un programme sur le leadership sanitaire et le changement climatique qui a été lancé depuis un an par l’Union européenne (UE), l’Organisation panaméricaine de la santé (l’OPS) et l’Université West Indies Ste Augustines à Trinidad. « Cette formation a pour but de rejoindre ces deux concepts assez transversaux à savoir : la santé et le changement climatique », explique Kenzy Jean Pierre, fondateur d’une organisation locale à travers ce programme en l’occurrence l’Observatoire sur la santé et le Climat en Haïti (OSCH).
Kenzy Jean Pierre fait partie des six candidats de différents pays de la Caraïbe qui ont été retenus pour intégrer ce programme dans leur pays respectif.
« Le réchauffement climatique nous appelle à une prise de conscience et nous rappelle en tant que citoyens de notre devoir envers l’environnement », insiste pour sa part, le docteur Bredson Dieufort, maître de cérémonie dans ses propos de bienvenue.
Ce symposium est réalisé dans l’objectif de faire le plaidoyer pour l’implication du secteur sanitaire dans la lutte contre le changement climatique en présentant les impacts de la gestion actuelle des déchets hospitaliers sur l’environnement et son incidence sur l’augmentation des gaz à effet de serre.
En présence de plusieurs parties prenantes, dont le représentant de l’OPS en Haïti, des représentants de différents ministères et certains responsables d’hôpitaux, les différents panélistes ont présenté la situation environnementale et climatique en Haïti mettant l’accent sur la contribution du secteur sanitaire dans l’émission des gaz à effet de serre par une des méthodes inadéquates de gestion des déchets hospitaliers comme l’un des problèmes sur lequel les regards doivent se tourner.
« Haïti est classé dernier sur la liste des pays de la Caraïbe dans la gestion des déchets. Après le Trinidad et Tobago entre autres qui assure une couverture de collecte complète de leurs déchets, le Belize est à 50 %. Chez nous en Haïti, uniquement 11 % de nos déchets hospitaliers sont bien gérés, du reste nous pratiquons le brûlage à l’air libre, une pratique nocive à l’environnement », affirme le docteur Kenzy Jean Pierre, fondateur de l’OSCH.
Ce symposium fait suite à plusieurs activités dont un atelier avec des leaders communautaires, des consultations auprès des entrepreneurs embrassant l’économie verte et différents responsables hospitaliers soucieux de la question environnementale.
« La charge des émissions de gaz à effet de serre du secteur de la santé est de 4,4 % au niveau mondial. Ce dit secteur a également signé l’Accord de Paris qui promeut une réduction des gaz à effet de serre de 0 % d’ici à 2050 », rappelle le docteur.
En Haïti, il existe 1048 institutions sanitaires, selon le rapport de 2015 du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) et selon la Center for Disease Control and Prevention (CDC) d’après une enquête menée en 2012, en Haïti les institutions sanitaires produisent environ 55 tonnes de déchets par jour.
« Malheureusement le brûlage à l’air libre des déchets hospitaliers reste largement pratiqué », se désole le spécialiste en management sanitaire.
L’Observatoire sur le Climat et la Santé (OSCH) est une structure qui vise à mettre le projecteur sur les problèmes auxquels le secteur sanitaire fait face en Haïti. Sa principale mission c’est d’atténuer les impacts sanitaires des changements climatiques en Haïti.
Erica Lopidas