Pour commenter le troisième et dernier volet du 6e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Raoul Vital, directeur de l’Observatoire nationale Qualité, Environnement et Vulnérabilité (ONQEV) et Point Focal PNA au sein du ministère de l’Environnement, a été reçu sur Magik9 à l’émission Haïti-Climat du jeudi 7 avril 2022.
« Pour atteindre le développement durable, il faut créer un lien très étroit entre l’atténuation des effets du changement climatique et les Objectifs de Développement durable », a souligné Raoul Vital, expert dans la question du changement climatique, rappelant que le rôle du GIEC c’est d’évaluer de manière objective et scientifique les informations sur l’évolution du climat à l’échelle planétaire à l’endroit des populations et des décideurs politiques. Ce groupe d’experts réunis en un panel scientifique depuis 1988 sous la direction de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) produit un rapport tous les cinq ans sur l’évolution du climat.
« Les rapports du GIEC s’adressent à toutes personnes se sentant concernées par le climat, mais le GIEC produit également un rapport s’adressant particulièrement aux décideurs politiques intitulés ‘’résumé pour les décideurs’’. Le GIEC, dans ses rapports, s’adresse aux dirigeants du monde entier qui doivent enclencher des actions pour empêcher la recrudescence des problèmes climatiques », a poursuivi Raoul Vital.
Pour pallier le problème du réchauffement climatique, des pays se sont engagés à travers l’Accord de Paris. Accord ratifié en 2016 pour réduire l’émission de gaz à effet de serre en utilisant la méthode de l’atténuation. Ce processus passait par la contribution déterminée au niveau national des pays (CDN). Seulement 7,5 degrés Celsius de réduction a été atteint alors que pour atteindre le niveau 1,5 degré Celsius par rapport à l’ère préindustrielle souhaitée, il faut arriver à réduire les émissions des gaz à effet à 30 % environ.
« Cet objectif n’étant pas atteint, le 3e volet du rapport met l’accent sur la méthode d’adaptation », toujours selon Raoul Vital. Compte tenu de l’inefficacité de la politique des pays dans l’atténuation de l’émission des gaz à effet de serre, leur longue durée de vie dans l’atmosphère et leur augmentation, les experts du GIEC préconisent de passer à l’adaptation. Ses mesures urgentes doivent être prises pour rester sur la trajectoire de l’Accord de Paris, préconise le rapport.
Néanmoins, le document met aussi le projecteur sur des pistes moins alarmistes comme l’émergence d’une série d’acteurs non étatiques se sentant concernés par le changement climatique. « Par le lien très étroit existant entre les objectifs de développement durable (ODD) et les objectifs de l’Accord de Paris, ces derniers peuvent servir de critères pour arriver à maintenir de bon rapport entre la méthode d’adaptation et le développement des pays », explique Raoul Vital.
(Re) Ecoutez l’émission ici: https://soundcloud.com/user-268726113/t023-20220407
À la question sur l’apport d’Haïti dans les émissions de la planète, Raoul Vital a souligné qu’étant un pays moins avancé, Haïti contribue très peu aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. Soit 0,03 % en 2000, d’après une étude très ancienne. M. Vital annonce que de nouvelles données vont sortir bientôt pour mieux statuer sur le cas d’Haïti. Il rappelle aussi qu’à leur façon les pays pauvres comme Haïti peuvent contribuer au réchauffement de la planète par la déforestation en abattant les arbres qui représentent des pluies de carbone et d’autres pratiques néfastes vis-à-vis de l’environnement.
Pour arriver à maintenir le réchauffement climatique à moins de 2 degrés Celsius, d’après le scénario optimiste du GIEC, les pays doivent s’engager ensemble dans la bataille au lieu de se concurrencer. Donc, un changement dans les paradigmes économiques est conseillé vu que l’économie de beaucoup de pays est construite sur les énergies fossiles l’une des principales sources des gaz à effet de serre.
« Par contre, l’émergence des acteurs non étatiques dans la lutte contre le changement climatique est porteuse d’espoir pour la planète », se félicite Raoul Vital.
Erica Lopidas