Jean Euphèle Milcė, écrivain et rédacteur en chef du journal Le National se fait de plus en plus d’intérêt pour l’environnement au fil des ans. C’est en ce sens qu’il a été reçu à l’émission Haïti Climat du jeudi 16 décembre 2021 sur les ondes de Magik9 pour débattre le thème : «l’agriculture urbaine, un certain art de vivre».
Haïti est dépourvu d’un vrai aménagement du territoire qui devrait indiquer que tel espace est dédié à la construction et tel autre à l’agriculture. Cette absence provoque un débordement sur tous les espaces urbains qui pourraient être consacrés à l’agriculture, rappelle Jean Euphèle Milcé, ajoutant que certaines constructions se réalisent dans les zones qui autrefois, étaient destinées à l’agriculture. L’activité de production agricole est ainsi devenue une pratique moins associée à l’idée de ville. Cependant, elle est aussi une activité urbaine dans bien d’autres pays et contribue de plus en plus à l’alimentation qualitative et quantitative. «Nous subissons tous des effets de mode qui sont tellement bien argumentés depuis le début du 21e siècle, qu’il nous conduit à développer un mauvais comportement face à l’environnement et à la façon dont nous pratiquons notre agriculture», critique Jean Euphèle Milcé.
Au-delà des avancées technologiques, les experts se sont rendus compte que l’agriculture urbaine comporte des fonctions évidentes telles: Environnementale, économique (créations des valeurs ajoutées) et pédagogiques. L’agriculture urbaine c’est une agriculture pratiquée sur de petites surfaces comme les toits, la terrasse, les jardins, les balcon, terrains vagues, récipients divers, etc., soutient M. Milcé, précisant qu’elle est utilisée à l’intérieur des villes pour cultiver des plantes et élever des animaux en vue de satisfaire différents besoins de la population urbaine.
Sur le plan alimentaire, Haïti souffre de deux problèmes majeurs que les autorités doivent résoudre, a dit l’écrivain. Premièrement, dans certaines villes la population vit hors réseau ce qui sous-entend qu’il n’y a ni d’électricité, ni canalisation de l’eau, ni infrastructure. Deuxièmement, les toitures des maisons qui pouvaient être utilisées pour la production agricole, servent plutôt à ramasser de l’eau à la tombée de pluie, avant d’évoquer les problèmes de la question terrienne en Haïti. Les conflits terriens qui sont très fréquents dans les zones rurales affectent le développement même de l’agriculture. «Pour pallier ce problème, l’Etat doit entreprendre la démarche de décompte géographique, c’est-à-dire dédié des espaces géographiques spécifiquement à l’agriculture comme il l’a fait pour la construction des places publiques», soutient M. Milcé.
Les collectivités territoriales et le pouvoir central de concert avec l’implication de la population ou la société doivent entreprendre des actions aux fins de rendre harmonieux le désordre du débordement des villes sur les espaces agricoles. Les formes d’aménagement utilisées pour développer l’agriculture urbaine dépendent de la politique des collectivités territoriales, pense-t-il. Considérant la forte croissance démographique, une politique de réhabilitation des espaces physiques est à prioriser pour créer des espaces agricoles. La production locale qui pour plus d’un importante pour l’organisme et adaptée à l’environnement, est largement insuffisante en Haïti vu la manière dont les habitudes alimentaires évoluent.
«La sécurité alimentaire depuis de longue date représente un pôle d’inquiétude et de souci en Haïti», s’inquiète Milcé. Ainsi estime-t-il qu’une transition qui relève d’une logique fonctionnelle des espaces à spécialiser et de la coexistence des multifonctionnalités des espaces, sont donc nécessaires.
Kattia Jean François