Un projet d’accord au sommet a été publié mercredi par la présidence de la COP26. Il reconnaît le rôle des combustibles fossiles dans la crise climatique, une première pour la Conférence annuelle des Parties sur le climat.
Jusqu’à ce vendredi 12 novembre, la version finale de ce document n’était pas encore disponible et les délégués à la COP26 en provenance de près de 200 pays ont passé une nuit blanche – celle de jeudi à vendredi – à négocier les détails afin de parvenir au consensus requis entre toutes les nations.
En règle générale, les projets d’accord des COP sont dilués dans le texte final, mais il est également possible que certains éléments soient renforcés, en fonction de l’issue des négociations entre les pays.
Voici les principaux éléments qu’on retrouve dans cette ébauche :
Sur 1,5 degré
Le document « reconnaît que les impacts du changement climatique seront beaucoup plus faibles à une augmentation de température de 1,5 °C par rapport à 2 °C et décide de poursuivre les efforts pour limiter l’augmentation de température à 1,5 °C ».
Les scientifiques disent que le monde doit limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels afin d’éviter que la crise climatique ne s’aggrave et ne se rapproche d’un scénario catastrophique.
Une analyse clé publiée mardi a indiqué que le monde est sur la bonne voie pour un réchauffement de 2,4 degrés. Cela signifierait que les risques de sécheresses extrêmes, d’incendies de forêt, d’inondations, d’élévation catastrophique du niveau de la mer et de pénuries alimentaires augmenteraient considérablement, selon les scientifiques.
L’objectif primordial de la présidence britannique de la COP26 de maintenir l’objectif 1,5 degré en vie.
Le document reconnaît également que la réalisation de ce changement signifie « une action significative et efficace » de tous les pays et territoires dans ce qu’il appelle une « décennie critique ».
Sur les plans d’émissions des pays
Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré, chaque pays doit avoir un plan qui s’aligne sur cet objectif.
La ligne la plus notable du projet d’accord est celle qui exhorte les signataires à se présenter d’ici la fin de 2022 avec de nouveaux objectifs de réduction des émissions au cours de la prochaine décennie, ce qui, selon les scientifiques, est crucial si le monde veut avoir une chance de maintenir le réchauffement en dessous de 2 degrés et plus proche de 1,5.
Bien que cela ait été convenu il y a six ans, les plans d’émissions de nombreuses parties ne correspondent pas à cet objectif.
Sur les combustibles fossiles
Le projet d’accord demande aux gouvernements d’accélérer la suppression progressive du charbon et des subventions aux combustibles fossiles. Cela semble évident car l’élimination progressive des combustibles fossiles est nécessaire si les émissions de gaz à effet de serre doivent diminuer. Mais l’inclusion d’un libellé spécifique à ce sujet est un grand pas en avant, car les accords précédents n’ont pas mentionné spécifiquement les subventions au charbon et aux combustibles fossiles.
Les principaux pays producteurs de combustibles fossiles risquent de s’opposer au langage utilisé.
Il y a cependant quelques mises en garde sur l’élimination progressive du charbon et la fin des subventions aux combustibles fossiles.
Le président de la COP26, Sharma, avait déclaré avant de venir à Glasgow qu’une date de sortie ferme sur le charbon était l’une de ses priorités.
Des questions se posent également quant à savoir si la clause sur les combustibles fossiles peut même survivre aux prochains jours de négociations.
Il y a eu quelques progrès sur les combustibles fossiles à Glasgow. Jusqu’à présent, vingt-huit pays ont signé un accord pour mettre fin au financement de projets de combustibles fossiles à l’étranger d’ici 2022. Les projets sans relâche seraient ceux qui ne capturent pas les émissions de gaz à effet de serre à la source avant qu’elles ne s’échappent dans l’atmosphère, ce qui est un bon départ.
Des dizaines de nouveaux pays se sont engagés à éliminer progressivement le charbon à la COP26, mais la date de fin était les années 2030 pour les pays développés et 2040 pour les pays en développement – une décennie plus tard que Sharma et les dirigeants du climat l’avaient espéré. Les trois plus gros émetteurs mondiaux, la Chine, l’Inde et les États-Unis, n’ont pas signé. Ce sont aussi les plus gros utilisateurs de charbon.
Sur qui doit payer quoi
Le projet présente quelques points forts dans une longue section sur la nécessité de tenir la promesse faite par les pays les plus riches du monde il y a plus de dix ans de fournir 100 milliards de dollars par an en financement climatique au monde en développement. Cet objectif devait être atteint en 2020 mais a été manqué. Il est censé aider les pays en développement à réduire leurs émissions mais aussi pour qu’ils puissent s’adapter aux impacts de la crise.
Le monde développé est historiquement responsable de bien plus d’émissions que le monde en développement, mais de nombreux pays en première ligne de la crise ont apporté peu de contribution historique au changement climatique. Il est entendu que le monde riche doit payer pour une partie de la transition énergétique et de l’adaptation.
Pour la première fois, le projet d’accord comprend également un libellé plus spécifique sur le financement des « pertes et dommages » pour le monde en développement, qui est essentiellement une responsabilité financière pour les impacts de la crise climatique. Certains des pays les plus touchés par la crise demandent plus d’argent pour faire face aux pertes et dommages qu’ils subissent déjà à cause du réchauffement climatique, qui est essentiellement l’idée derrière les réparations climatiques.
Source : CNN