Environ une dizaine de regroupements et associations de la société civile haïtienne ont participé du 23 au 26 août 2021 au sommet des peuples pour la justice climatique de l’Amérique latine et les Caraïbes qui s’est tenu à Santo Domingo en République Dominicaine.
Ils étaient environ une trentaine de personnalités qui échangeaient sur des thématiques liées au changement climatique dans le cadre de ce sommet qui a débuté le 23 août dernier à l’Universidad Autonome de Santo Domingo (UASD). Cette activité visait à concerter les actions des acteurs nationaux et internationaux pour relever le défi que représente le changement climatique et pour contester le système capitaliste mettant en avant la croissance des capitaux au détriment de la nature.
Le Sommet des peuples pour la justice climatique de l’Amérique latine et Les Caraïbes s’est tenu virtuellement et en présentiel avec différents représentants d’associations et organisations venant du Brésil, du Chili, du Paraguay, de la République Dominicaine et d’Haïti. Il se réalise parallèlement au COP26 qui depuis 2016 constitue un rendez-vous incontournable pour les grandes négociations en vue d’un changement de paradigme environnemental.
La justice climatique est un combat pour éviter que les peuples compromettent l’avenir de la planète. «Ce sommet fait un appel aux nations industrialisées à prendre conscience des risques de l’urgence climatique actuelle, reconnaitre les règlements écologiques, protéger la vie humaine et la nature», a dit Inès Franseskely du Paraguay, qui a représenté La Coalition mondiale de la Forêt au sommet. Ajoutant : « Il nous faut s’atteler à la transition voir une rupture avec l’exploitation abusive des ressources naturelles, car c’est possible de trouver la solution sans cette exploitation même dont nous faisons. Cette planète possède des ressources susceptibles d’améliorer la vie humaine ».
A quoi peut-on s’attendre de la participation haïtienne ?
Cette première rencontre entre les mouvements sociaux en Haïti et ceux d’autres pays de la région des Caraïbes tient lieu premièrement d’une prise de conscience et de sensibilisation des impacts environnementaux en Haïti, d’une part. L’idée, d’autre part, est de travailler à l’avenir sur la résolution commune dans laquelle il y aura des prises de position et de dénonciation, confie Dominique Didier représentant du mouvement Batay Ouvriye en Haïti. « Cet évènement n’est pas une initiative entreprise par les autorités des deux pays, car les gouvernements n’ont jamais pris leurs responsabilités, mais nous, nous comprenons qu’ils ne le feront jamais, puisqu’en Haïti ils sont placés sous la tutelle de la classe dominante et l’impérialisme», ajoute avec fureur M. Dominique, l’un des membres organisateurs de ce sommet.
Par ailleurs, l’économiste Camille Charlmers représentant de la Plateforme haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), également membre organisateur de l’événement, tient à préciser. «C’est un pas en avant vers une construction que nous essayons d’établir depuis certaines années entre Haïti et la République Dominicaine. Ce qui aboutira sur des relations fraternelles, solidaires et des stratégies communes entre les organisations participantes», a-t-il précisé.
Parallèlement à l’organisation du COP26, nous réalisons le sommet des peuples car nous sommes très critiques à ces initiatives des Nations unies. « Pendant que l’ONU organise son sommet, nous le peuple de l’Amérique latine et les Caraïbes portons nos revendications, nos propositions face aux désastres environnementaux résultants de la mauvaise gestion de la planète par le système capitaliste », a-t-il assuré.
Des prévisions qui alarment
« Nos actions attaquent véritablement l’écosystème. Selon les études, il nous reste seulement 10 ans pour renouer avec les bonnes pratiques environnementales. Ce retournement doit être opéré de façon urgente. Dans le cas contraire, les conséquences seront désastreuses par des phénomènes naturels qui nous guettent depuis tantôt dans le monde et une grande partie de la planète sera disparue », a affirmé Leonardo Boff, écologiste brésilien, dans son intervention au sommet. Poursuivant : « Pas moins de 1100 espèces disparaissent chaque année et 1 million d’autres sont en danger. En effet, il nous faut réduire au maximum le dérèglement climatique qui chasse souvent les animaux de leurs Habitat naturel ».
Le coronavirus lance un signal clair. Il faut en ce sens limiter l’usage des ressources de la planète terre qui est petite et contient de ressources illimitées. «Il faut défendre cette terre en souffrance et la conserver. Le système capitaliste a pour essence d’exploiter la terre à travers un système économique créant des capitaux. Cela me ferait plaisir de voir la discussion environnementale s’articuler autour de la question d’égalité écologique et la justice sociale», a déclaré l’écologiste précisant que la terre doit être traitée avec respect.
Mettre l’accent sur l’importance des acteurs dans la lutte environnementale, voilà ce qui peut atténuer les dégâts prévus. En d’autres termes, les nations de l’Amérique latine et les Caraïbes qui sont les plus vulnérables doivent faire une synergie pour trouver leur justice climatique tout en mettant un accent particulier sur la contribution des femmes. «Il faut que les femmes soient au cœur des décisions sur l’environnement», a déclaré Jose Frias, militant écologique chilien. Pour sa part, Monica Fernandez, de nationalité colombienne plaide en faveur des actions liées à la justice climatique en faveur des plus vulnérables, «nous ne pouvons pas affronter le changement climatique, sans d’abord affronter les colonialistes, de grands changements climatiques ne pourront pas être opérés si on ne décolonise pas le système, qui constitue notre plus grand obstacle», a affirmé Mme Fernandez.
PAPDA, Association Femmes Soleil d’Haiti (AFASDA), Sosyete Animasyon ak Kominikasyon Sosyal (SAKS), Batay Ouvriye, Commission Episcopale Nationale Justice et Paix (CE-JILAP), Haïti Survie, Kolektif Jistis Min, Plateforme Des Organisations Haitienne des Droits Humains (POHDH) figurent parmi les associations haïtiennes ayant pris part à ce sommet.
Kattia JEAN FRANÇOIS