Coup de projecteur sur la situation du « Parc national la Visite », plus que jamais en danger. Nous (re) publions ici in extenso un ensemble d’articles et de reportages réalisés par divers médias nationaux et internationaux pour alerter sur ce désastre écologique qui affecte cette réserve mondiale de la Biosphère. Plusieurs espèces animales et végétales endémiques risquent de disparaître. Mais surtout, la déforestation et la dégradation du Parc national la Visite l’empêchent d’être cet important réservoir en eau qui alimente les départements de l’Ouest et du Sud’Est, et où vivent plus de 3.5 millions de personnes.
« Haiti Climat » consacre toute une série d’émissions thématiques et d’activités pour attirer l’attention de la population haïtienne et des décideurs politiques sur ces cas majeurs de dégradation environnementale.
Déclarée zone protégée en 1983, le Parc national la Visite est aujourd’hui livré à la merci des centaines de gens qui prennent l’espace d’assaut. De 8000 hectares, il y a une décennie, sa superficie boisée ne dépasse pas 800 hectares aujourd’hui.
Au Parc national la Visite, situé dans le massif de La Selle, les espèces animales et végétales cohabitent avec des humains. En 2006, quelque 600 personnes habitaient une partie de la zone réservée. « Elles doivent être plus nombreuses aujourd’hui », estime l’ancien ministre de l’Environnement, Yves-André Wainright. Pourtant, en 1983, l’Etat haïtien s’était engagé à déloger les 88 familles qui y vivaient. Un délai de trois ans expirant le 31 décembre 1986 leur avait été accordé pour libérer l’espace. Le départ du régime des Duvalier a, cependant, tout chambardé. Ce qui fait que l’espace constituant le parc national La Visite est aujourd’hui bondé de maisonnettes.
Le Parc national La Visite constitue l’un des plus importants sites naturels du pays. Sa richesse est inestimable. Le massif de La Selle qui l’abrite héberge plus d’une centaine d’espèces végétales (de la mousse et des lichens aux arbres en passant par les épiphytes, les fougères et les espèces herbacées), dont 36 espèces endémiques. N’ayant pas de nom vernaculaire, certaines d’entre elles sont encore mal connues.
14 espèces endémiques sur une cinquantaine de variétés d’oiseaux ont été identifiées dans la zone en janvier 2005 par des spécialistes.
En plus, toutes les rivières des départements de l’Ouest et du Sud-Est y prennent leur source. « Continuer à déboiser le parc, c’est mettre en péril la vie des habitants de ces deux départements », avertissent les responsables de la Fondation Seguin. 14 espèces endémiques sur une cinquantaine de variétés d’oiseaux ont été identifiées dans la zone en janvier 2005 par des spécialistes. Les plus connues sont : le merle de La Selle (Wètwèt Lasèl), la paruline aux yeux rouges (Tichit lasèl), le solitaire siffleur (zwazo mizisyen), la conure maîtresse (perich), l’amazone d’Hispaniola (jako), la paruline des pins (Tichit bwapen), le bec croisé à ailes blanches, le trogon damoiseau (kanson rouj), le tacco d’Hispaniola (tako), le martinet sombre (zwazo lapli), la paruline quatre-yeux (Ti kit 4 je), l’émeraude d’Hispaniola (wanga-nègès mòn), le todier à bec étroit (chikorèt), l’élénie sara (tchit sara), le charderonnet des Antilles (Ti seren), le tangara d’Haïti (kònichon), l’épervier brun (malfini mouche), la buse à queue rousse (malfini ke wouj), le hibou maître-bois, le chevêche des terriers (koukou), l’effraie d’Hispaniola (Frize), le pigeon (ramye miyèt) .
L’augmentation de la population du parc national La Visite va de pair avec la diminution de sa richesse. On ignore ce qui reste aujourd’hui de ce patrimoine écologique. Une prise de vue aérienne de Google Earth en 2005 a permis d’évaluer la forêt entre 840 à 890 hectares. « La forêt vivante ne dépasse pas, cependant, 700 hectares », estime l’agronome Wainright.
Lire l'article original de Jean Phares Jérôme sur Le Nouvelliste