Coup de projecteur sur la situation du « Parc national la Visite », plus que jamais en danger. Nous (re) publions ici in extenso un ensemble d’articles et de reportages réalisés par divers médias nationaux et internationaux pour alerter sur ce désastre écologique qui affecte cette réserve mondiale de la Biosphère. Plusieurs espèces animales et végétales endémiques risquent de disparaître. Mais surtout, la déforestation et la dégradation du Parc national la Visite l’empêchent d’être cet important réservoir en eau qui alimente les départements de l’Ouest et du Sud’Est, et où vivent plus de 3.5 millions de personnes.
« Haiti Climat » consacre toute une série d’émissions thématiques et d’activités pour attirer l’attention de la population haïtienne et des décideurs politiques sur ces cas majeurs de dégradation environnementale.
« Dans dix ans, l’eau devra tarir complètement sur le site du parc La Visite situé à cheval sur deux départements, l’Ouest (commune de Kenscoff) et le Sud-Est (commune de Marigot), si des mesures urgentes ne sont prises pour protéger cet espace d’attractions touristiques de plus de 11 mille hectares déclaré réserve naturelle protégée depuis l’année 1983 par les autorités haïtiennes». C’est en ces termes que le secrétaire exécutif de la fondation Seguin, M. Serge Cantave Jr, attire l’attention de tous les secteurs de la société sur la menace qui plane sur le parc qui se dégrade continuellement.
Le parc national la Visite se trouve depuis quelques années dans une situation critique puisque le site est livré à lui-même, ne bénéficiant jusqu’ici d’aucune mesure de protection face à la dégradation environnementale constatée au niveau de différentes zones forestières à travers le pays dont les causes sont principalement humaines. La fondation Seguin, une organisation non gouvernementale créée officiellement en 2004 s’est donné pour mission de poser des actions visant à promouvoir la protection dudit site et la préservation de nombreuses espèces endémiques et des écosystèmes très variés que contient l’une des dernières forêts du pays. Mais « l’institution ne peut pas se substituer aux autorités publiques pour prendre des décisions qui n’entrent pas dans le cadre des limites du rôle qu’il est appelé à jouer », avance Serge Cantave Jr, membre fondateur de la fondation.
« Les habitants des régions forestières pour faire face à leurs besoins se jettent très souvent sur les ressources naturelles qu’ils exploitent de manière non rationnelle voire méchante.
De plus en plus, se développent des activités entropiques de façon accélérée dans l’environnement du parc, ce qui fragilise cette aire qui constitue la plus grande réserve de biodiversité en Haïti, selon le responsable de l’institution qui gère le site. Il croit que la pression démographique explosive à laquelle Haïti fait face aujourd’hui constitue un élément important pouvant expliquer particulièrement la triste réalité de l’environnement naturel qui se dégrade à un rythme assez inquiétant. « Les habitants des régions forestières pour faire face à leurs besoins se jettent très souvent sur les ressources naturelles qu’ils exploitent de manière non rationnelle voire méchante. Et cette année en particulier, la nature n’a pas joué en notre faveur avec les phénomènes dus aux changements climatiques qui ont eu lieu, ayant des incidences négatives sur l’agriculture en particulier. Les ressources ligneuses dont l’exploitation souvent arbitraire constitue une source génératrice de revenus pour une proportion non négligeable de la population en ont donc fait les frais de façon spectaculaire », poursuit M. Cantave.
…l’eau tarira complètement sur le site du parc national la Visite d’ici 2025 si aucune mesure n’est prise avec des actions concrètes en vue de stopper le déclin prononcé constaté dans cette zone protégée située à 2,680 mètres d’altitude, au sommet du pic La Selle.
Considérant la réalité de la croissance exponentielle de la population, le directeur exécutif de la fondation Seguin prévoit que l’eau tarira complètement sur le site du parc national La Visite d’ici 2025 si aucune mesure n’est prise avec des actions concrètes en vue de stopper le déclin prononcé constaté dans cette zone protégée située à 2,680 mètres d’altitude, au sommet du pic La Selle, qui reçoit, en dépit de tout, des visiteurs locaux et étrangers régulièrement.
Pour soutenir son alerte lancée sur les ondes de Magik 9 ce mardi, Joseph Cantave Jr prend comme exemple une cascade dénommée « manman dlo » qui attire habituellement beaucoup de touristes nationaux et étrangers, qui, dit-il, est ces derniers temps active seulement cinq mois durant l’année. « On l’avait pendant toute l’année autrefois, puis pendant onze mois. La fréquence avait ensuite chuté à dix mois, et maintenant on n’a la cascade que cinq fois pendant l’année », illustre-t-il. M. Cantave souligne que population devra passer à 19 millions d’habitants dans 10 ans suivant un taux de croissance de 2.5%, selon les prévisions. Une situation qui aura créé 5 millions de réfugiés écologiques, précise Serge Cantave Jr. Il appelle l’ensemble des secteurs du pays, en particulier les autorités étatiques à agir dans l’immédiat en prenant des actions concrètes et urgentes pour remédier à la situation dramatique que connait ce site où a été découverte en 2013 par des spéléologues français la grotte la plus profonde du pays (Marie Louise Bumba). « Il s’agit d’une question de sécurité publique. Il faut donc agir et investir sérieusement dans ce secteur, et cela doit désormais entrer dans notre culture si l’on veut éviter la catastrophe humanitaire qui frappe à nos portes », met en garde le responsable de la fondation Seguin.
Lire l'article original de Fritzner Michel sur Le Nouvelliste