Lancés en décembre 2018 et poursuivis en 2021, les travaux de rénovation de la commune de Port-de-Paix n’ont apporté que très peu de solutions aux problèmes environnementaux auxquels fait face cette ville côtière.
« Dès qu’il commence à pleuvoir, nous sommes obligés de fermer. Il n’y a plus de clients. Les gens n’osent pas sortir à cause du niveau des eaux dans les deux principales rues de la ville [rues Sténio Vincent et Dumarsais Estimé] », déplore cette femme dans la vingtaine propriétaire d’un restaurant très fréquenté au centre-ville.
« À Port-de-Paix, quand il pleut beaucoup, soit on relâche toute l’école, soit on appelle les parents pour venir récupérer leurs enfants. On est habitué à cette situation », témoigne cette mère de trois enfants.
Ne disposant pas d’un budget suffisant pour agir, le directeur départemental du ministère des Travaux Publics Transport et Communication (MTPTC), Oracius Joseph Angelot, reconnaît que les cas d’inondation sont très fréquents à Port-de-Paix.
Cependant, la direction départementale du MTPTC en charge de la plupart des travaux dans le Nord’Ouest, faute de moyens, est obligée de s’en tenir aux opérations essentielles. L’installation de murs de protection des sols, la construction de trois dégraveurs dans les zones « Grigri » et « La Coupe », etc., constituent autant de mesures auxquelles ont eu recours l’instance régionale des Travaux Publics pour prévenir les dégâts et assurer la sécurité des résidents de cette commune.
Quant à la cohésion entre mesures de prévention et de protection de l’environnement, le responsable départemental du MTPTC fustige la nonchalance des autorités municipales et de ses collègues du ministère de l’Environnement qui ne jouent pas leur rôle, notamment celui de la supervision des constructions et la vigilance au niveau des sites ou des espaces à protéger.
Conscientes des menaces qui pèsent sur cette ville et sur la vie des riverains particulièrement en période pluvieuse, les autorités municipales de Port-de-Paix ont récemment lancé une opération de nettoyage conjointe avec la direction des TPTC des 17 exutoires répertoriés au niveau de cette commune.
Souvent critiqués de ne pas être à la hauteur de leurs tâches en raison de l’inondation assez fréquente de la ville, Carlin Michel et Jules Rodlin, respectivement directeur de la mairie de Port-de-Paix et chef de la section Urbanisme, estiment que le problème de l’environnement de la Cité de Capois La Mort revêt bien d’autres aspects.
L’incapacité de la mairie à couvrir toutes les zones à risque, à interdir la construction des maisons au niveau des exutoires, à éduquer la population sur les problèmes environnementaux demeurent entre autres aspects auxquels il faut prêter attention, ont recommandé les deux cadres de l’hôtel de ville.
Entre autres décisions pour contrôler cette urbanisation incontrôlée dans le chef-lieu du département Nord’Ouest, le maire principal Josué Alusma a dans une note publiée au mois de mars 2021 informé tous les propriétaires de la commune de Port-de-Paix de son intention de réguler les constructions situées sur le littoral de la ville.
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Dans cette note, il est fait mention des procédés que vont utiliser les dirigeants de la mairie de Port-de-Paix pour empêcher cette occupation inappropriée fragilisant davantage les infrastructures de cette commune. « Le premier citoyen de la commune entend travailler de concert avec la Direction générale des Impôts (DGI) aux fins de procéder à l’arpentage de toutes les parcelles de terrain existantes au niveau du littoral », lit-on dans cette note.
L’objectif poursuivi par la mairie de Port-de-Paix au regard de ces dispositions est précisé plus loin dans sa communication: « Cette décision va dans le sens de permettre à l’Etat et aux autorités locales d’avoir un contrôle effectif sur la zone côtière de la ville ».
La ville de Port-de-Paix a été inondée au cours du mois de mars dernier. Les travaux de nettoyage et de récupération des alluvions au niveau des principaux bassins versants (Morne Hôpital, Morne Démélus, Nan Aman) délaissés au profit de projets de réhabilitation des rues à grande échelle pour permettre à la métropole du Nord’Ouest d’accueillir le carnaval national ont eu de lourdes conséquences pour les riverains. Les principales artères de la Cité de Capois La Mort, rues Sténio Vincent et Dumarsais Estimé, étaient sous les eaux les 10 et 11 mars 2021.
Kepsen Monestime
Ecoutez le reportage audio de Kepsen Monestime sur l’urbanisation incontrôlée de Port-de-Paix