En Haïti, nombreuses sont les organisations et associations qui s’impliquent dans la bataille environnementale, prenant ainsi des initiatives destinées à freiner les dégâts. Cependant, le manque d’accès à des ressources financières constitue souvent la limite à l’aboutissement de ces actions. En d’autres termes, la question du financement au secteur de l’environnement représente bien sûr un aspect extrêmement important du débat.
Pour en parler, le Dr Jean Vilmond Hilaire, directeur exécutif du Fonds Haïtien pour la Biodiversité (FHB), était au micro de l’équipe d’Haïti Climat à l’émission du jeudi 25 mars 2021 ayant eu pour thème : « Quel rôle pour le Fonds Haïtien pour la Biodiversité dans la lutte contre le réchauffement climatique ? »
Le réchauffement climatique est dorénavant perçu comme inévitable un peu partout à travers le monde. C’est la raison pour laquelle les réponses d’adaptation sont en train de se multiplier tant au niveau international qu’au niveau des initiatives locales. Cependant, comme dans presque tous les domaines en Haïti, les actions pour la protection de l’environnement se heurtent à des barrières financières.
Par ici pour (ré)écouter notre émission du jeudi 25 mars 2021 avec comme invité : Dr Jean Vilmond Hilaire, directeur exécutif du FHB.
Le FHB est une fondation de droit haïtien. Elle est née du constat selon lequel les projets de développement durable ne parviennent pas à être pérennisés en raison du manque de financement. Par conséquent, les résultats produits sont de très courtes durées. « En réponse à cette épouvantable réalité, depuis tantôt 10 ans, nous réfléchissons de concert avec certains acteurs de la société civile pour trouver un mécanisme de financement durable », soutient Dr Jean Vilmond Hilaire.
C’est dans cette optique que quelques organismes bilatéraux, multilatéraux et nationaux ont créé le FHB, constitué notamment d’un conseil de direction et d’une direction exécutive dirigée par Jean Vilmond Hilaire. Son travail consiste à convaincre les bailleurs, monter un programme de subvention et travailler avec les différents partenaires pour assurer la coordination et la coopération entre eux.
« Au FHB, nous avons une approche privilégiant les communautés. De ce fait, pour atteindre notre mission, qui est de financer de façon soutenable toute activité de conservation de la biodiversité et de développement durable associée en Haïti et au bénéfice de la communauté; le FHB ouvre deux fenêtres de financement : l’une pour la biodiversité et l’autre pour l’adaptation ou la résilience au changement climatique. C’est à travers ces deux fenêtres que nous allons bientôt lancer notre programme de subvention», a fait savoir le directeur exécutif du FHB.
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Un déséquilibre financier impose généralement des besoins d’investissement dans le secteur. Les crises et les catastrophes sont souvent les déclencheurs de l’action qui pourtant au préalable pouvait rentrer dans une démarche préventive. La disponibilité de fonds publics en synergie avec les fonds privés est un aspect important dans la prise en charge environnementale d’un pays.
« Il y a une absence complète de politiques publiques qui nous permettrait d’agir de manière intégrée. Nous avons donc besoin d’une bonne coordination, c’est-à-dire avoir de bonnes idées accompagnant des investissements pour atteindre les résultats escomptés », souligne l’écologue qui dit reconnaître que les interventions des acteurs environnementaux ne peuvent s’exercer en dehors de politiques publiques. Dans le cas contraire, ces actions ne mèneront à rien.
Par ailleurs, le directeur exécutif du FHB revient sur le fait que la bataille environnementale est une affaire collective, car la biodiversité n’est qu’une. Quelque soit le secteur considéré, il est en lien avec l’environnement (anviwonman se manman lavi). C’est donc le moment de faire l’unité avec tous les secteurs qu’il invite, par ces mots, à le rejoindre. Selon lui, l’environnement est transversal. La vie est exprimée à travers différentes formes de vie. Toutes ces formes de vie sont liées. Les trois facteurs qui conditionnent la biodiversité, rappelle-t-il, sont : l’existence des espèces, les connaissances sur ces espèces, l’usage et les services que ces espèces nous offrent.
Dans la foulée, Dr Hilaire souligne que le plus urgent dans cette lutte consiste à «éduquer la population sur la préservation de l’environnement ». « Le droit à un environnement sain est fondamental au même niveau que le droit à la santé, ȧ l’éducation etc., donc la solidarité des autres secteurs est nécessaire dans le maintien de ce combat vital que nous menons », estime le directeur exécutif du FHB.
À noter que le FHB est en mesure de financer le gouvernement, la société civile, les collectivités territoriales, le secteur privé, etc.
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Kattia Jean François