Suite aux inondations ayant fait des milliers de morts aux Gonaïves en 2010, un programme d’agroforesterie a été lancé à Petite-Rivière de Bayonnais, 3e section communale, à l’initiative de Alyans ti plantè (Smallholder farmers alliance/SFA) et le ministère de l’Environnement. Dix ans plus tard, les résultats de ce programme visant à contrecarrer la dégradation de l’environnement sont palpables et réjouissent plus d’un.
À 25 kilomètres au nord de la ville des Gonaïves, une lueur d’espoir se dessine. La pression humaine sur la végétation naturelle est moins intense. Dans la localité de Bognol, entrée principale de la section, des arbres mesurant en moyenne 5 mètres de haut décorent les deux côtés de la route. Une atmosphère faisant les délices des habitants. « Nous avons de l’ombre pour nous reposer… Et, le plus intéressant, des femmes enceintes qui étaient en route pour Gonaïves ont accouché sous les arbres », se réjouit le citoyen Robenson Cinéus.
Dans le flanc du bassin versant, sur des périmètres couverts d’herbes sauvages, sept lots boisés constitués de cèdre, d’acacia, de chêne et de flamboyant ornent le paysage. « Ces espèces sont choisis pour leur résistance aux phénomènes climatiques », a indiqué l’agronome Timothé Georges, directeur du programme. Dans le futur, a-t-il renchéri, ces lots seront interconnectés pour renforcer la végétation du morne.
L’impact positif du programme commence à réveiller la conscience des bénéficiaires qui négligeaient totalement l’aménagement de leur environnement. Ils se sont tous convaincus de la nécessité de contribuer à la pérennisation de l’œuvre. « Avant, la zone était désertique. Présentement, elle est belle. Cela nous rend heureux. Et, tout le monde s’implique dans la protection des arbres », s’est réjoui Amos Géné, un notable.
Entre 2010 et 2020, à en croire l’agronome Georges, 500 000 arbustes sont mis en terre. 65% de ces transplantations, a-t-il précisé, sont réussies. Les plantules proviennent de six pépinières implantées dans la zone. « Chaque saison, ces installations produisent pas moins de 16 000 plantules », a indiqué l’agronome Beauvoir Sorel, un agent de terrain. Diverses stratégies ont été adoptées pour garantir la protection des lots boisés. Parmi ces mesures, les responsables du programme ont mentionné le crédit agricole, le prêt de semences, le don de bétail et d’outils aratoires.
Le directeur départemental de l’environnement de l’Artibonite, l’agronome Bentley Douceur, s’est félicité des retombées du projet. Les lots boisés, a-t-il fait savoir, est un moyen de faciliter l’infiltration des eaux dans le sol et de réduire les risques d’inondation dans la commune des Gonaïves. « C’est un projet important. Il est compatible avec notre slogan « plante dlo pou n ka rekolte plis dlo ». Nous devons l’étendre dans les autres zones vulnérables », a-t-il laissé entendre.
Après les communes Ennery et Marmelade, Bayonnais est la zone qui déverse la plus grande quantité d’eau sur la ville des Gonaïves. En raison de leurs végétations clairsemées, en 2004, la tempête tropicale Jeanne a tué plus de 3 000 personnes et, en 2008, 793 autres ont été emportées par les cyclones Hannah et Ike. Beaucoup de citoyens ayant survécu à ces catastrophes naturelles ont applaudi le projet de reboisement. Pour eux, c’est un bon présage pour la protection de leurs vies et de leurs biens.
Jodherson Cadet