Avec une façade côtière d’environ 165 km, soit 11% de la façade côtière du territoire national, le département du Nord’Ouest a tous les atouts pour être une destination touristique. Par manque de vigilance et face à l’irresponsabilité des autorités locales, le littoral de la ville de Port-de-Paix est transformé en un gigantesque dépotoir à ciel ouvert.
« Plus de plage pour aller se baigner, plus de littoral pour se promener, à la place soit des excréments humains soit des tas d’immondices qui empêchent tout promenade. Telle est la situation de ce qui reste de la plage à Port-de-Paix en plus des constructions anarchiques qui occupent tout le littoral », a commenté cette mère de famille qui fustige le fait qu’elle est obligée de quitter la ville si elle veut prendre un bain de mer.
Pour Fresnel Jean, natif de la ville et avocat de carrière, tout le bord de mer relève du domaine de l’État et ne devrait être construit en aucun cas. « Voyez-vous, continue l’homme de lois, nous sommes face à la mer et pourtant, il est très difficile de voir la mer. N’est-ce pas une raison évidente qui explique ce mauvais usage qu’on fait de tout le littoral depuis la rue du Quai jusqu’au bord de mer de Grigri. »_
Faisant référence aux conditions assez précaires dans lesquelles vivent la population du bord de mer et devant l’extrême vulnérabilité de l’environnement des villes d’Haïti suite aux phénomènes d’extension urbaines, pour maître Fresnel Jean qui impute la responsabilité aux dirigeants de la mairie, il n’y a que deux mots pour qualifier ce qui se passe avec le littoral de Port-de-Paix, absence d’autorité.
Malgré des tentatives qui jusqu’ici n’ont pas changé grande à la réalité du bord, le bureau de communication de la mairie de Port-de-Paix avait sorti une note (12mars 2020) pour rappeler à tous les propriétaires dans la commune son intention de réguler la construction au niveau du littoral. Afin de procéder à l’arpentage de toutes les parcelles de terrain situées au niveau du littoral, dans ce document, le maire principal Josué Alusma avait invité les détenteurs de titres de propriété à usage privé ou commercial à se présenter à l’hôtel de ville pour se mettre en règle avec la mairie.
Toutefois, devant le manque de volonté et le peu de foi des riverains dans cette démarche, à savoir la régulation des titres de propriété au niveau du littoral, le directeur de la mairie Carlin Michel confirme qu’il était presque impossible que le processus aboutisse à un quelconque résultat. Face à l’obstination des propriétaires de ne fournir aucune pièce justificative, le cadre de la mairie n’écarte pas un changement de stratégie pour convaincre la population de Port-de-Paix sur le bien-fondé d’une meilleure utilisation du littoral.
Remarque. En 2007, le journaliste Claude Bernard Sérant du quotidien Le Nouvelliste durant son séjour dans un des hôtels de la métropole du Nord’Ouest avait attiré l’attention sur la mauvaise utilisation du bord de mer dans cette commune par le biais d’un article intitulé « Port-de-Paix tourne le dos à la mer ». Et voilà, aujourd’hui encore plus de quatorze ans après le problème demeure entier.
Kepsen Monestime
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