Nous publions in extenso cette tribune de M. José Luis Fernández, Représentant de la FAO en Haïti.
Haïti détient un important potentiel de développement de l’aquaculture et de la pêche continentale (lacs, étangs et rivières). Après Cuba, c’est la deuxième plus grande étendue de zones côtières de la Caraïbe, avec ses 1 535 km de côtes et un plateau continental qui couvre une superficie de 5 000 km2 (USAID, 2010 ; MARNDR, 2010). Cependant, avec toutes ces potentialités considérables en matière de pêche et d’aquaculture, seulement 60 000 personnes seraient impliquées dans la production totale de poisson (MARNDR, 2017). Ce qui fait que la production annuelle piscicole se situe autour de 15 000 tonnes avec une valeur à la production d’environ 25 millions de dollars des États-Unis.
Par ailleurs, certains phénomènes liés à l’action de l’homme auraient influencé la productivité et la répartition des ressources biologiques aquatiques, comme la pêche incontrôlée, illégale. Le changement climatique devrait également avoir une incidence négative sur le potentiel de capture dans certaines régions du pays et engendrer des altérations majeures dans la répartition des ressources. Il importe donc d’adopter des mesures de gestion adaptative pour atténuer les répercussions et optimiser les possibilités.
Dans ces conditions, le besoin d’assurer une gestion efficace et durable de la pêche et de l’aquaculture occupe une place de plus en plus importante dans les préoccupations du Gouvernement d’Haïti. D’où ses efforts, par l’entremise des Ministères de l’agriculture et de l’environnement, de modernisation du secteur et de renforcement des politiques pour continuer à proposer des réponses appropriées aux défis contemporains auxquels fait face le secteur de l’aquaculture et de la pêche, notamment la gestion des ressources halieutiques pour atteindre un développement durable, efficient et équitable du secteur.
L’effectivité d’une pêche et aquaculture durables dans ce contexte serait d’assurer une exploitation durable des ressources halieutiques, leur gestion prudente et responsable et leur conservation, conformément aux dispositions du Code de conduite pour une pêche responsable (le Code) de la FAO et des instruments connexes. Des technologies novatrices sont aussi indispensables pour la traçabilité des produits, de la mer à l’assiette, et les rendent plus accessibles dans toute la chaîne de valeur. Cette évolution influencera les choix que font au quotidien les entreprises et les organes de réglementation tout comme les diverses parties prenantes et les consommateurs.
Tenant compte de tous ces problèmes auxquels fait face le secteur de la pêche et de l’aquaculture en Haïti, je crois que, entre outres, les axes d’intervention suivants pourraient être priorisés par les programmes des acteurs intervenant dans le développement de la filière :
- > Procéder à l’amendement de la législation haïtienne sur la pêche et l’aquaculture qui date de 1978 ;
- > Réaliser un recensement général de la pêche et de l’aquaculture qui permettrait d’avoir des données récentes ;
- > Favoriser une plus grande participation des petits pêcheurs et aquaculteurs de leurs communautés dans la formulation des politiques, le développement des lois et règlements s’y rapportant ainsi que dans la gestion des prises de décisions et les processus de mise en œuvre ;
- > Fournir un encadrement technique et des matériels appropriés aux pêcheurs et aquaculteurs ;
- > Accompagner le Gouvernement dans la distribution des embarcations améliorées et la mise en place des boutiques d’intrants pour la pêche et l’aquaculture et installer des Dispositifs de concentration de poissons (DCP) dans les zones stratégiques pour faciliter la captation des poissons pélagiques et aussi des poissons migrateurs ;
- > Appuyer la production d’alevins pour l’ensemencement des lacs et l’élevage en bassins ;
- > Assurer la continuité du programme de construction de lacs de retenues collinaires dans tout le pays partout où c’est possible ;
- > Renforcer le rôle et la capacité des femmes dans la transformation, la conservation et la commercialisation du poisson ;
- > Identifier les marchés potentiels pour l’écoulement rapide afin de réduire considérablement les pertes poste capture.
- > Encourager le développement de partenariats solides entre le Gouvernement, les associations de pêcheurs, les ONGs et le secteur privé pour le développement d’une pêche artisanale améliorée et durable.
Je suis convaincu que les propositions susmentionnées peuvent contribuer à la gestion durable de la pêche et de l’aquaculture, la préservation de la biodiversité, l’atténuation de la pauvreté, la sécurité alimentaire, la nutrition et d’autres éléments d’importance pour les objectifs de développement durable.
José Luis Fernández est le Représentant de la FAO en Haïti
Contact : fao-ht@fao.org