L’équipe de l’émission « Haïti Climat », dans le cadre de ses émissions spéciales sur les énergies renouvelables en Haïti, a convié le directeur général de l’Agence nationale de régulation du secteur de l’Énergie (ANARSE), le Dr Evenson Calixte, le jeudi 10 décembre 2020, à entretenir le public autour du thème : « Quelle place pour les énergies renouvelables dans le nouveau mix énergétique du pays ? ».
En tant que pays le moins électrifié de la sous-région des Caraïbes, Haïti ne profite presque pas de son grand potentiel en énergies renouvelables. Conscient de cet état de fait, le Dr Evenson Calixte en a profité pour annoncer certains travaux qui sont en train d’être réalisés afin d’électrifier le pays. D’après le directeur général, un total de 45 projets de mini-réseaux électriques à travers le pays, dont certains sont actuellement en cours de construction, vont être connectés aux réseaux régional puis départemental, ce, dans une perspective de mise en place des centrales modernes en Haïti.
Passer d’une centrale utilisant les combustibles fossiles à celle fonctionnant à l’énergie solaire réduirait considérablement la quantité de CO2 rejetée dans la nature.
Une centrale à charbon rejette 1060 grammes de gaz carbonique (CO2) par kilowatts-heure (kWh), une centrale à mazout 730 grammes de CO2 par kWh, une centrale à gaz 418 grammes de CO2 par kWh et 55 grammes de CO2 par kWh pour une centrale de photovoltaïque. De ce fait, passer d’une centrale utilisant les combustibles fossiles à celle fonctionnant à l’énergie solaire réduirait considérablement la quantité de CO2 rejetée dans la nature. « Nous travaillons sur l’utilisation de l’énergie solaire, éolienne, hydraulique et biomasse. Les études montrent qu’il y a 4 gigawatts d’énergie éolienne inexploitable dans le pays, il est donc nécessaire d’utiliser ces potentiels que nous avons », a affirmé le directeur général de l’ANARSE soutenant que la nouvelle dynamique insufflée par l’équipe au pouvoir est orientée vers la transition énergétique.
Environ 70 à 75% des besoins économiques du pays sont actuellement satisfaits par le bois. Cependant, a reconnu le Dr Calixte, l’énergie provenant du bois peut être une source d’énergie renouvelable dans la mesure où la vitesse de consommation est inférieure à la vitesse de régénération naturelle du bois. Tel est le déséquilibre à combler qui empêche le bois pour le moment d’être une source d’énergie renouvelable en Haïti. Dans le même temps, le Dr Calixte s’est dit favorable à l’obtention d’autres sources énergétiques substituables devant faciliter une meilleure gestion de l’énergie-bois qui constitue une importante source économique pour le pays.
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Les sources que nous utilisons pour produire de l’énergie ne doit en aucun cas nous mener à la destruction de l’humanité. Elles doivent être en adéquation avec l’environnement. Surtout dans un contexte de développement durable tenant compte de la satisfaction des besoins de cette génération sans compromettre la satisfaction de celle à venir.
Aussi le Dr Calixte a-t-il indiqué trois piliers à prendre en compte dans cette démarche de transition énergétique, à savoir : le pilier économique, environnemental et l’accessibilité à l’énergie tout en gardant l’équilibre écologique. Cependant, il dit être conscient que c’est un combat assez difficile à maintenir et des mesures drastiques doivent être prises en matière d’énergie renouvelable en Haïti.
Par ici le podcast de l’émission avec le Dr. Evenson Calixte.
« Au niveau de l’ANARSE, nous prenons en compte l’approche de développement durable qui d’ailleurs est une approche mondiale. C’est pourquoi le gaz naturel sera substitué à l’utilisation du fioul et autres produits pétroliers », a fait savoir le directeur général précisant que cette nouvelle mesure va être adoptée en raison de son coût de production moindre et de l’approche climatique. Il a poursuivi en disant qu’Haïti rejette dans l’atmosphère 730 grammes de CO2 pour 1 kWh alors que l’utilisation du gaz naturel permettra au pays de rejeter seulement 418 grammes de CO2 pour 1 kWh.
Quant à l’idée selon laquelle l’énergie renouvelable n’est pas destinée à être utilisée dans les pays pauvres, le directeur général a revendiqué la fausseté de cette assertion en se basant sur ses calculs. Le Dr Calixte a donc plaidé pour une combinaison de l’énergie solaire et du gaz naturel tout en encourageant une consommation plus responsable des ressources énergétiques comme le bois de la part de la population.
Kattia Jean-François