Environnement

Lutte contre la coupe illégale des arbres : des écologistes plaident en faveur de la sensibilisation des citoyens

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Six personnes ont été arrêtées le mercredi 26 mars 2025 à Ouanaminthe, sur ordre d’un juge de paix, pour coupe illégale d’arbres sur les rives de la rivière du Massacre. Cependant, malgré cette action des autorités, des écologistes estiment que des mesures supplémentaires sont nécessaires. Ils appellent le ministère de l’Environnement à mettre en place des alternatives, en sensibilisant les citoyens à la déforestation illégale, qui continue de menacer la biodiversité et les écosystèmes locaux.

Après l’interpellation de ces individus par des agents de la police frontalière (POLIFRONT), pour destruction du couvert végétal dans une zone écologiquement sensible, la rédaction de Haïti Climat a contacté plusieurs écologistes pour avoir leur point de vue sur ce dossier.

D’après le défenseur des droits de l’environnement, Maismy-Mary Fleurant, qui a dénoncé cette mauvaise pratique, un grand nombre d’arbres avaient déjà été abattus avant l’arrivée des forces de l’ordre. M. Fleurant affirme que cette destruction soulève des inquiétudes concernant l’impact écologique de ces actions et la lenteur des interventions des autorités pour protéger la faune et la flore locales.

L’endroit où ces personnes coupent les arbres est un espace formant un petit parc que les Jésuites ont créé à Ouanaminthe grâce à leur initiative Solidarité frontalière lancée en 2013. Ce parc, qui couvre plus de 3 à 4 hectares, constitue un petit écosystème extraordinairement précieux, un véritable poumon pour la ville, où la vie reprend son cours. Il représente une grande chance pour la biodiversité de la région », déclare M. Fleurant.

Ces bois sont un poumon pour la région, car la ville est en pleine expansion et les espaces pour planter des arbres deviennent de plus en plus rares. Il est donc essentiel de protéger cette mini-forêt. « Les personnes qui coupent les arbres ne se contentent pas de détruire l’intérieur du parc Solidarité, elles coupent aussi des arbres pour créer des espaces et construire des infrastructures, telles que des routes et des maisons, au détriment de cet espace vital pour la biodiversité », a-t-il ajouté.

Le vice-recteur à la recherche de l’université publique du Nord-Est à Fort-Liberté appelle la mairie à prendre un arrêté municipal pour interdire toute construction dans le parc. Il propose également que le gouvernement déclare d’utilité publique tous les terrains faisant partie du parc. Un processus de dédommagement doit être lancé en faveur des propriétaires, et l’État doit créer, par arrêté pris en Conseil des ministres et publié au journal Le Moniteur, le parc écologique Solidarité, qui prévoira aussi son mode de gestion.

Parallèlement, selon Guelson Jean-Louis, bien que des mesures aient été prises par le ministère de l’Environnement pour lutter contre cette pratique, il estime que le problème reste bien plus complexe que ce que les autorités voudraient faire croire.

« Parfois, ceux qui cultivent dans les champs gagnent plus d’argent en fabriquant du charbon qu’en vendant leurs récoltes », a expliqué Jean-Louis. Il a ajouté que les producteurs de charbon bénéficient d’une source de revenu immédiate, contrairement à l’agriculture qui peut être incertaine.

Jean-Louis a aussi expliqué que, même lorsqu’un producteur de charbon vend ses sacs, ceux-ci ne se gaspillent pas contrairement aux produits agricoles qui peuvent parfois se perdre sur le marché.

« Le charbon, une fois produit, peut rester stocké pendant un ou deux mois et finira toujours par être vendu, ce qui n’est pas le cas pour les récoltes agricoles », a-t-il précisé.

L’écologiste a mis en lumière l’importance de comprendre ce phénomène dans sa globalité. Selon lui, la coupe d’arbres pour la production de charbon n’est pas seulement une question de destruction de l’environnement, mais aussi un moyen de survie pour de nombreuses familles haïtiennes. Il a souligné que la recherche de solutions alternatives pour produire du combustible est essentielle afin de réduire la pression exercée sur les forêts du pays.

Jean-Louis a évoqué l’idée du « charbon écologique », mais a admis que cette alternative n’est pas encore assez populaire, car sa fabrication nécessite des ressources et un savoir-faire qui restent peu accessibles pour la majorité des gens. Selon lui, il est donc crucial de développer des solutions plus simples et plus accessibles pour permettre aux Haïtiens de ne pas pratiquer la coupe des arbres.

Enfin, l’écologiste a conclu en soulignant que, bien que les mesures légales prises par le ministère de l’Environnement soient nécessaires, elles ne suffisent pas à elles seules.

Il a plaidé pour une approche plus holistique qui inclut la sensibilisation des populations et le développement d’alternatives viables pour remplacer la production de charbon traditionnel. « Le problème ne se résout pas uniquement par la répression, il faut aussi proposer des alternatives durables et accessibles », a-t-il insisté.

M. Eder Audate, directeur des forêts du ministère de l’Environnement, a été contacté également par notre rédaction suite à l’arrestation de ces individus. J’ai été informé par le directeur départemental du Nord-Est du ministère de l’Environnement de cette infraction et nous avons immédiatement informé nos supérieurs hiérarchiques de la situation. Des décisions ont été prises pour l’arrestation en commun accord avec la police et la justice », a-t-il déclaré.

Une prise de position qui témoigne de l’engagement du ministère à lutter contre la coupe illégale des arbres et à renforcer la coopération entre les différentes autorités pour faire respecter la loi.

Jean Rony Poito PETIT FRERE

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