Climat

L’expert Raoul Vital décrypte les sources et mécanismes du financement climatique

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Le troisième forum communautaire en ligne sur les changements climatiques, organisé le 28 octobre 2025 par le programme AMCC+ Haïti en partenariat avec la plateforme Haïti Climat, a rassemblé de nombreux acteurs engagés dans la lutte contre la crise climatique.

Cette édition, tenue à l’occasion de la Journée nationale de la langue créole, s’est ouverte sur un message de solidarité envers les victimes de l’ouragan Melissa, rappelant la vulnérabilité accrue du pays face aux aléas climatiques. Animée par Patrick Saint-Pré, coordonnateur général la plateforme Haïti Climat, la rencontre avait pour thème central : « Politiques publiques et financements climatiques en Haïti ».

L’intervenant principal, Raoul Vital, professionnel cumulant vingt ans d’expérience dans la communication environnementale, a posé les bases d’une compréhension claire de ce que représente la politique publique climatique.

En effet, selon lui, il s’agit d’un ensemble de stratégies qui visent simultanément à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à adapter le pays aux impacts du changement climatique et à renforcer la résilience des communautés vulnérables. Pour Haïti, confronté à des chocs climatiques répétés, cette vision stratégique constitue un levier fondamental pour orienter les décisions publiques et structurer le développement durable.

Dans son exposé, Raoul Vital a présenté les différentes sources de financement qui soutiennent la mise en œuvre de ces politiques. Le budget national demeure la première base d’intervention de l’État, bien qu’insuffisant pour couvrir les besoins croissants. À ce financement interne s’ajoutent de nombreux mécanismes extérieurs, notamment les fonds multilatéraux tels que le Fonds pour l’environnement mondial et le Fonds vert pour le climat, ce dernier étant aujourd’hui le plus grand mécanisme international dédié à l’adaptation et à l’atténuation. Les banques multilatérales de développement, parmi lesquelles la BID, la Banque mondiale et la Banque caribéenne de développement, ainsi que certaines agences des Nations unies, complètent ces appuis essentiels.

L’expert a également rappelé ce qu’englobe réellement le financement climatique : un ensemble de ressources financières publiques, privées ou alternatives, mobilisées pour répondre aux défis du changement climatique. Ces fonds doivent être additionnels à l’aide publique au développement traditionnelle. Ils servent à soutenir des projets d’énergie renouvelable, de gestion de l’eau, d’agriculture durable et d’infrastructures résilientes. Bien que les engagements internationaux annoncent des montants ambitieux tels que le nouvel objectif collectif de finance climat adopté en 2024 visant 1300 milliards de dollars par an d’ici 2035, M. Vital a souligné l’absence de garanties réelles concernant la contribution annuelle des pays développés.

Une partie importante de l’intervention a aussi été consacrée aux procédures d’accès aux fonds climatiques, un processus souvent complexe pour les pays à faible capacité institutionnelle. L’accès à ces financements passe par un diagnostic national rigoureux, le choix d’une modalité d’accès adaptée (directe ou internationale), puis l’élaboration d’une note conceptuelle conforme aux exigences internationales.

Haïti travaille actuellement à la finalisation de son Programme-Pays pour accéder au Fonds Vert pour le Climat, une étape déterminante pour augmenter sa marge de financement.

Enfin, le forum a mis en avant certains projets en cours en Haïti, financés par divers mécanismes : gestion intégrée des risques d’inondation dans la région de Trois-Rivières soutenue par le Fonds Vert, réhabilitation d’infrastructures scolaires grâce au Fonds d’Adaptation, ou encore renforcement des systèmes d’alerte précoce financé par la Banque mondiale. Ces initiatives démontrent la diversité des opportunités déjà saisies, mais aussi l’importance de renforcer la transparence, la gouvernance et les capacités nationales pour accéder à davantage de ressources.

En conclusion, Raoul Vital a appelé à une mobilisation durable, cohérente et ambitieuse afin de permettre à Haïti de faire face efficacement aux défis climatiques actuels et futurs.

Jean Rony Poito PETIT FRÈRE

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