Invité à l’émission Haïti Climat le 22 mai 2025, l’écologiste Jean Marry Exantus a attiré l’attention sur un pan souvent négligé de la crise environnementale en Haïti : les oiseaux migrateurs. Autour du thème : les oiseaux migrateurs face à la crise climatique en Haïti, il a souligné que ces espèces qui sillonnent les cieux entre continents sont des indicateurs sensibles des bouleversements climatiques.

« Les oiseaux migrateurs sont des indicateurs écologiques, biologiques. Ils indiquent s’il y a des problèmes environnementaux », avance l’écologiste à l’émission. Ces espèces, en transit d’un espace à un autre selon les saisons, traversent des milliers de kilomètres. « Certains partent des États-Unis pour Haïti, d’autres de l’Europe vers l’Afrique. » En Haïti, on peut les observer près du lac Azuei, du lac Caiman, dans le massif de la Selle ou encore celui de la Hotte.
Mais, aujourd’hui, ces voyageurs aériens paient un lourd tribut aux dérèglements climatiques. Selon Jean Marry Exantus, les impacts sur ces espèces sont multiples, comme le révèlent plusieurs études internationales. Trois effets principaux se dégagent.
D’abord, la modification de l’apparence physique. « Certaines espèces voient leur taille se réduire. « Leurs couleurs, autrefois sombres, deviennent plus éclatantes », explique-t-il. Ensuite, il y a la raréfaction de la nourriture. En effet, le changement des saisons bouleverse le cycle de production des fruits et des graines dont ils dépendent. Exantus mentionne que « la nourriture devient disponible de façon précoce, mais pas toujours au bon moment pour les oiseaux ». Enfin, la désynchronisation écologique. Les ressources végétales se décalent par rapport aux besoins des oiseaux, retardant ou précipitant leur accès à la nourriture.
Dans ce contexte, la journée mondiale des oiseaux migrateurs, Global Big Day, organisée cette année les 10 et 11 mai, revêt une importance symbolique. Le thème choisi : les oiseaux migrateurs dans les villes. Cette initiative internationale, qui consiste à recenser les espèces observées en milieu urbain, rappelle que « l’environnement n’a pas de frontière ». Selon Exantus, « aujourd’hui, l’importance accordée aux oiseaux locaux doit être la même que pour les migrateurs, afin d’éviter la compétition entre espèces sédentaires et migratrices ».
Haïti abrite environ 171 espèces migratrices, une richesse qui mérite une attention accrue. Si nous ne protégeons pas ces espèces, c’est l’ensemble de notre équilibre écologique qui en souffrira. Les oiseaux migrateurs ne sont et de passage : ils sont aussi nos témoins et nos avertisseurs.
Esther Kimberly BAZILE