La ville des Gonaives fait face à un problème d’insalubrité grave. Les rues sont souvent jonchées de déchets, les canalisations sont souvent obstruées et les égouts débordent régulièrement, créant un environnement propice à la prolifération des maladies. Ces conditions insalubres affectent considérablement la qualité de vie des habitants et posent un défi majeur pour la santé publique.
Après les ouragans de 2008, Gonaïves a été enfouie sous des millions de tonnes de boue (Open Edition Journals). Plus de 2100 mètres cubes de déchets ont été enlevés par la section de la RVC selon ReliefWeb. C’est aux Gonaïves que les dommages étaient les plus importants. Dix-sept (17) ans plus tard, la ville des Gonaïves est encore sur une mauvaise pente. Les plates-formes à ciel ouvert sont toujours en mauvais état. Des commerçants côtoient des amas d’ordures et des marchandises sont étalées sur les chaussées non libérées par les fatras. La ville croule sous les ordures, ce qui expose la vie de la population aux maladies et aux épidémies liées à la pollution comme le choléra, la rougeole, la malaria, etc. Par ailleurs, au moment des pluies diluviennes, la circulation piétonne et même en voiture s’avère difficile et compliquée.
Il est important que les responsables de l’administration locale des Gonaïves agissent. L’insalubrité de la ville et ses environs est une urgence sanitaire qui nécessite une intervention rapide et coordonnée. Il est essentiel de mobiliser les ressources nécessaires pour mettre en place des solutions durables, notamment en matière de gestion des déchets, d’aménagement urbain et d’éducation à la santé.
Face à ce besoin pressant, voici un Plan de Programme d’assainissement (d’une politique publique de gestion des déchets) avec une stratégie de communication et d’éducation efficace autour de la mise en œuvre d’un plan stratégique de gestion des déchets comprenant : la valorisation des déchets non dangereux (ordures ménagères, solides…), l’élimination des déchets dangereux.
-Renforcer la capacité de la municipalité dans le but d’améliorer le service de voirie.
-La municipalité doit placer de grandes poubelles publiques dans les zones de forte concentration humaine, et pour éviter tout risque, prévoir un plan de nettoyage systématique des marchés publics.
-Sensibiliser les ménages pour qu’ils ne déversent pas leurs ordures dans les rues pendant et après les pluies.
–Identifier des points de décharges où les ménages peuvent déverser leurs ordures ou distribuer des poubelles à chaque ménage pour le dépôt des détritus. Les camions de la municipalité viendront les chercher régulièrement suivant un calendrier bien défini.
-Utiliser des récipients qui peuvent être réutilisés en lieu et place des sachets plastiques.
-Bâtir un véritable plan d’assainissement de curage des canaux et des drains tout en profitant de laver les rues chaque 15 jours pour maintenir l’atmosphère de la ville propre.
À noter que ces six (6) propositions pourraient appliquer au niveau d’un programme d’éducation civique où des animateurs sociaux pourront recevoir une formation adéquate en vue de conduire des campagnes de sensibilisation pour informer la population des différents points de collecte (lieux, heures d’entreposage, jours et fréquences de collecte par semaine) désignés par les instances concernées. Après la participation des agents de terrain, voilà un plan de traitement de déchets (bien détaillé) axé sur trois grands points : la collecte, le traitement et la valorisation des déchets.
1-Collecte des déchets
Grâce au programme cité, le service de voirie arrivera à collecter un ensemble de déchets d’origines différentes. Certains sont recyclables et d’autres non recyclables. Ils doivent être acheminés vers un centre de décharge en vue de procéder à un éventuel triage.
2- Traitement et valorisation
Le traitement peut se faire en deux parties : mécanique et biologique. Primo, les matières plastiques récupérées comme les flacons de jus (tampico) de gazeuse (fiesta, toro, ragaman…) peuvent être travaillées pour produire des articles tels que : sandales, gallons, fleurs, masques, paniers, couronnes mortuaires, etc. Les papiers plastiques des sucreries, on pourrait les utiliser dans le domaine artistique en faisant des sacs multicolores, des bourses, etc. Avec les gallons d’huile, on peut fabriquer des entonnoirs, arrosoirs, des cache-pots. Celles qui ne peuvent être recyclées, on les achemine vers le circuit d’incinération. Secundo, les ordures ménagères, les ordures d’origine végétale ou animale sont nécessaires pour la production de compost (ou engrais organique) pour alimenter les plantes, les sols (en proie à la dégradation ou pas) et pour la production de l’énergie (biogaz ou biométhane, briquettes de charbon, etc.).
À part les déchets mentionnés, les métaux comme le fer provenant des carcasses de véhicules, de réfrigérateurs, de congélateurs qui jonchent les rues doivent être également transportés vers un centre de démolissage. Car ils pourraient utiliser dans des usines spécialisées dans le traitement du fer. Ce fer peut être fondu puis transformé en barres de fer, tôles, plaques d’acier, etc. Ce même procédé peut s’appliquer pour l’aluminium provenant des cannettes, des boites de lait et autres récipients qui seront récupérées sur une grande échelle, peuvent utiles aux industries travaillant dans le secteur de l’aluminium, pour transformer en ustensiles de cuisine comme les chaudières… Les parties les plus légères de certaines carcasses en fer pourraient utiliser pour faire des réchauds, des objets artisanaux… De ce fait, il faut qu’il y ait des usines dotant d’équipements adéquats que ce soient pour la transformation des déchets (plastiques, végétaux, animaux…), des débris de fer, d’aluminium. Ensuite, faire la promotion de ces produits pour faciliter leur écoulement.
Tous ceux-ci c’est pour dire qu’un vent de changement mérite d’être soufflé sur la cité de l’indépendance. Un environnenment salubre avec le projet d’AGOM (Alliance Gonaivienne d’Outre Mer)/ “2 Panneaux de Bien-venue dans la ville des Gonaïves“ à l’entrée Nord et Sud’Est de la ville contenant quatre (4) dimensions principales: dimension signalétique, touristique, décorative et publicitaire/ seront un atout pour vendre la ville de Jacques Stephen Alexis, un coin historique et touristique.
La ville ne doit pas continuer à crouler sous les immondices. Mesdames et messieurs les dirigeants, mobilisez-vous… réfléchissez… cherchez de l’aide auprès des institutions nationales, internationales et lancez-vous dans des projets de grande envergure pour la retirer de ce tableau sombre! Faites la promotion de «l’Economie circulaire» et adoptez cette «Économie créatrice de valeur sociale, économique et environnementale». Ces mesures permettront à la fois une meilleure gestion des déchets et la création de nouveaux emplois, donc un environnement urbain sain et une source de revenus à un nombre croissant de personnes.
Jimmy DELISCA
Ingénieur agronome, écologiste