En Haïti, l’enseignement des sciences et de la technologie demeure un défi majeur. Malgré leur importance pour le développement du pays, ces disciplines sont souvent négligées, faute de formation adéquate des enseignants et de ressources pédagogiques adaptées. Viclince Flécher, professionnel de l’éducation et titulaire d’un master en sciences de la vie et de la Terre, souligne l’urgence de renforcer la didactique des sciences afin de mieux préparer les jeunes aux défis environnementaux et sociétaux.
Un système éducatif trop théorique
Lors d’un entretien accordé à l’émission Haïti Climat le 27 février 2025, Viclince Flécher a insisté sur le rôle crucial de la didactique des sciences dans l’éducation haïtienne. Selon lui, la formation des enseignants constitue un levier fondamental pour améliorer la transmission des savoirs scientifiques. « Les éducateurs doivent disposer d’outils concrets et de méthodes interactives pour favoriser un apprentissage plus dynamique et pertinent », explique-t-il.
Le système éducatif haïtien repose encore largement sur une approche théorique, limitant la capacité des élèves à appliquer leurs connaissances à des situations concrètes. Ce manque de formation et d’équipements pédagogiques freine l’assimilation des concepts scientifiques et réduit l’impact de l’éducation sur le développement du pays.
Un enjeu crucial pour l’environnement
Par ailleurs, la sensibilisation aux questions environnementales reste insuffisante, alors que Haïti est particulièrement vulnérable aux catastrophes naturelles telles que les cyclones, les inondations et les séismes. Pour Viclince Flécher, une meilleure éducation scientifique permettrait aux jeunes de mieux comprendre leur environnement et d’adopter des comportements plus responsables face aux risques naturels.
En 2021, le président Jovenel Moïse avait signé un arrêté visant à intégrer un cours d’éducation environnementale dans le programme scolaire. Si cette initiative avait été saluée par plusieurs acteurs du secteur éducatif, elle peine encore à être concrétisée. À ce jour, cette matière n’a pas été véritablement institutionnalisée, alors que de nombreux experts plaident pour son intégration officielle dans les cursus scolaires.
Favoriser l’innovation et le développement
L’intégration effective de la didactique des sciences et de la technologie dans l’éducation haïtienne pourrait également stimuler l’innovation et le développement économique. En dotant les élèves de compétences pratiques et d’outils de réflexion, l’école deviendrait un véritable incubateur de solutions adaptées aux réalités locales.
Pour y parvenir, il est essentiel que l’État, en collaboration avec les institutions éducatives et les organisations de la société civile, mette en place des programmes de formation pour les enseignants et développe des ressources pédagogiques adaptées. Une telle initiative permettrait non seulement d’améliorer l’apprentissage des sciences, mais aussi de préparer les jeunes à devenir des acteurs du changement au sein de leur communauté.
Esther Kimberly BAZILE
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