La date du 5 juin est célébrée chaque année comme étant celle de la Journée mondiale de l’Environnement. La célébration de cette année est organisée par la République de Corée et met en avant l’importance de trouver des moyens durables afin de combattre la pollution plastique.

À l’occasion de la 52e Journée mondiale de l’Environnement ce jeudi 5 juin 2025, nous avons contacté des organismes œuvrant dans le secteur du recyclage des déchets plastiques afin de mieux comprendre leur évolution en Haïti dans un contexte de précarité économique, d’instabilité politico-sociale et de manque d’infrastructures adaptées à la gestion durable des déchets.
Cette année, l’accent est mis sur la lutte contre la pollution plastique, à travers le thème retenu par les Nations unies pour célébrer la Journée mondiale de l’Environnement : « Mettre fin à la pollution plastique mondiale ». C’est dans cette perspective que notre rédaction a échangé avec les responsables de RECYCLAPH et HILL PLAST.
Pour RECYCLAPH, le recyclage ne se limite pas au plastique : l’organisation s’illustre dans un modèle intégré combinant biodigesteurs, engrais organiques, et solutions sanitaires. Elle aborde les déchets non pas comme une nuisance, mais comme une ressource. « La gestion des déchets est un défi majeur en Haïti, mais elle peut devenir une réponse concrète à des problèmes urgents : manque d’énergie, dégradation des sols, insalubrité», explique Daphline Belléus, coordinatrice de RECYCLAPH. À travers la production de biogaz et d’engrais, elle propose ainsi une alternative écologique au charbon de bois et aux engrais chimiques.

Malgré son caractère émergent, le marché connaît une croissance constante de la demande. Ménages, écoles, hôpitaux, agriculteurs : tous manifestent un intérêt croissant pour des solutions propres et durables. RECYCLAPH se positionne comme un acteur local de cette transition, avec une approche qui articule économie circulaire, énergies renouvelables, agriculture durable et assainissement inclusif. Mais le chemin n’est pas sans embûches.
Selon Mme Daphline Belléus, le manque d’infrastructures, l’isolement de certaines zones, l’accès difficile au financement, les préjugés sociaux, et une instabilité politique constante freinent les efforts des initiatives comme RECYCLAPH.
« Sensibiliser, convaincre, maintenir les installations, mobiliser des ressources, tout cela demande un travail quotidien de terrain », souligne la coordinatrice. Mais la reconnaissance des bénéficiaires, l’impact visible sur l’environnement et la santé publique, ainsi que l’appropriation des technologies par les communautés constituent de puissants moteurs de motivation.
Du côté de HILL PLAST, le constat est similaire, même si l’organisation se concentre davantage sur les plastiques. Pour Jhamily Hill POMPILUS, responsable de cette entreprise, le recyclage en Haïti est encore perçu comme un secteur informel et peu valorisé, ce qui constitue une barrière culturelle importante. « C’est un travail difficile, mal compris, souvent stigmatisé. Il faut former, sensibiliser et collecter dans des conditions souvent précaires. » Néanmoins, HILL PLAST réussit à créer de la valeur en transformant les déchets plastiques en objets utiles comme des sacs à dos, des poubelles artisanales, et à travers des programmes éducatifs avec les jeunes.

L’une des plus grandes satisfactions pour HILL PLAST est de constater l’évolution du regard de la population : « Au départ, les gens voyaient juste des ramasseurs de déchets. Aujourd’hui, ils nous soutiennent, partagent nos contenus, participent à nos activités. Cette prise de conscience, même lente, est notre victoire », affirme Pompilus. La valorisation sociale du recyclage, encore balbutiante, semble donc amorcer un changement durable.
Malgré les défis techniques, économiques et sociaux, ces deux initiatives démontrent que le recyclage en Haïti est bien plus qu’un simple enjeu environnemental. C’est un levier de transformation économique, un outil de résilience communautaire, et une réponse concrète à des problématiques systémiques.
En ce 5 juin, leur engagement rappelle l’urgence d’un soutien plus structuré au secteur, à travers des politiques publiques cohérentes, des financements durables, et surtout une valorisation du rôle crucial des acteurs locaux dans la lutte pour un environnement plus sain.
Parallèlement, dans cette même dynamique, l’organisation Environnement Ma Priorité (EMP) apporte également sa pierre à l’édifice. Pour ses responsables, le secteur du recyclage en Haïti demeure extrêmement difficile à développer.
Le pays, classé parmi les plus pauvres et les plus vulnérables au niveau environnemental, n’offre que très peu de soutien aux initiatives locales. En l’absence d’un réel accompagnement institutionnel, la population reste peu sensibilisée à l’importance de la gestion des déchets, malgré les impacts évidents sur les plages, les rivières et les espaces publics.
Selon Reynald Pierre, responsable de EMP, plusieurs facteurs compliquent encore davantage leur mission : le manque de matériel, l’insécurité persistante, ainsi que l’absence de soutien étatique ou de structures solides pour développer des centres de recyclage fonctionnels. Ces obstacles freinent considérablement le travail de terrain, alors même que le recyclage pourrait offrir une solution durable aux enjeux d’assainissement, tout en générant des débouchés économiques pour les jeunes et les communautés locales.
Malgré ces contraintes, EMP se dit motiver par l’accueil favorable qu’ils reçoivent de la population. Les habitants perçoivent le recyclage comme un travail utile et nécessaire, mais beaucoup attendent un engagement plus concret de la part des autorités pour structurer et valoriser ce secteur.
Pour EMP, un meilleur encadrement des organisations environnementales et une campagne nationale de sensibilisation pourraient faire la différence dans la lutte contre l’insalubrité et la dégradation de l’environnement en Haïti.
Jean Rony Poito PETIT FRERE
Laisser un commentaire