Environnement

Haïti face au changement climatique : l’éducation au cœur de la riposte

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Haïti célèbre sa Journée nationale de l’éducation sur le changement climatique depuis le 1ᵉʳ septembre 2023. Une initiative qui vise à sensibiliser la population, à transformer les mentalités et à placer l’éducation au centre des actions contre les effets dévastateurs du dérèglement climatique.

Lors de l’émission Haïti Climat du 11 septembre 2025, Evens Emmanuel, vice-recteur à la recherche et à l’innovation à l’université Quisqueya, a exposé les enjeux d’une telle journée pour un pays comme Haïti. L’ambiance de l’émission, pédagogique, rappelle que derrière les chiffres et les catastrophes naturelles, il y a la vie quotidienne des Haïtiens, déjà fragilisés par des décennies de vulnérabilité environnementale.

Selon le chercheur, depuis les années 1850, les activités humaines sont principalement responsables de l’aggravation du réchauffement climatique. Pour lui, il est urgent de placer l’homme au centre de toute stratégie d’atténuation : « Le meilleur moyen d’y parvenir reste l’éducation. » Chaque citoyen, affirme-t-il, a une responsabilité envers son pays et l’humanité : « Après tout ce que tu apprends, dis-toi : tu as une responsabilité envers l’humanité… Car le changement climatique est l’ennemi numéro un de tous les êtres vivants. »

Un pays vulnérable au cœur de la Caraïbe

Haïti est l’un des États les plus exposés aux catastrophes naturelles dans la région caribéenne. Avec la montée des eaux marines, certaines plages risquent de disparaître. Les cyclones, plus fréquents et plus intenses, constituent un problème économique majeur. À cela s’ajoutent le volcanisme et d’autres aléas naturels. Emmanuel insiste : « Dans un pays comme Haïti, exposé aux cyclones, il n’existe aucun laboratoire physique pour assurer leur suivi. »

Pour le vice-recteur, la réponse à cette vulnérabilité passe par la conscience citoyenne dès le plus jeune âge : « Il faut graver dans la conscience des enfants : attention ! Un danger majeur, appelé changement climatique, nous menace. » La Journée du 1ᵉʳ septembre devient ainsi un leitmotiv symbolique, mais aussi un point de départ pour des actions concrètes et durables. L’État, via le ministère de l’Éducation, devrait inscrire officiellement cette date dans l’agenda scolaire national, afin que chaque élève comprenne l’urgence et son rôle dans la protection de l’environnement.

Emmanuel plaide pour une transformation profonde de la société : gérer les déchets, adopter un comportement écologique et former des citoyens écologiques capables de bâtir des quartiers, puis des villes durables. « L’engagement à agir sans ostentation ni vanité est le plus important », souligne-t-il, rappelant que Haïti subit une injustice climatique : peu responsable du dérèglement mondial, mais lourdement touchée par ses effets.

Cette Journée nationale, dans son essence, dépasse le simple symbole. Elle invite à repenser l’éducation, la recherche et la citoyenneté dans une perspective durable, où Haïti pourrait, pas à pas, devenir un pays capable de faire face au changement climatique tout en protégeant sa population et ses ressources.


Esther Kimberly BAZILE

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