Invité à l’émission HaïtiClimat, le 9 octobre 2025, autour du thème « AMCC+ Haïti : agir aujourd’hui pour protéger le climat de demain », l’ingénieur agronome Innocent a mis en garde contre les effets dévastateurs du changement climatique sur l’économie haïtienne et appelé à une action collective immédiate.

D’entrée de jeu, il a qualifié le changement climatique d’« ennemi numéro un de l’économie du pays », estimant que tant qu’Haïti ne prendra pas la mesure du problème, elle restera « prisonnière de la pauvreté et de l’effondrement progressif de ses structures ». Selon lui, les impacts du dérèglement climatique ne se limitent plus aux seuls déséquilibres environnementaux : ils menacent désormais les bases mêmes du développement national.
Innocent s’est particulièrement attardé sur l’exploitation du charbon de bois, qu’il considère comme un facteur aggravant de la déforestation et de la vulnérabilité écologique. Il déplore que cette pratique se fasse « de manière incontrôlée, en dehors des normes capables de préserver l’intégrité de l’environnement », et appelle l’État à « renforcer le secteur et à améliorer les pratiques d’exploitation » pour en réduire les effets destructeurs.
Pour l’ingénieur, la régénération de l’environnement représente une voie incontournable vers un avenir plus stable. Restaurer les ressources naturelles permettrait, selon lui, de créer davantage de richesses et de réduire les tensions sociales. « Régénérer notre environnement, a-t-il expliqué, c’est se donner les moyens de produire plus à l’intérieur du pays, d’assurer un meilleur bien-être pour la population et de prévenir les crises sociales et politiques qui secouent régulièrement la nation. »
Il a par ailleurs souligné l’importance de la sensibilisation et de l’éducation environnementale, indispensables pour faire évoluer les comportements. À ses yeux, l’absence d’information reste l’un des plus grands obstacles à la mobilisation citoyenne. « Il est urgent de sensibiliser la population à la question du changement climatique, car c’est l’un des principaux facteurs qui détruisent nos infrastructures économiques et nos biens collectifs », a-t-il indiqué, rappelant que la protection du climat doit devenir une priorité nationale.
L’ingénieur agronome plaide aussi pour une meilleure coordination entre la société civile et les autorités publiques. Il estime que les organisations locales ont un rôle clé à jouer dans la diffusion des connaissances et la promotion d’une gouvernance participative. « Les organisations de la société civile doivent partager les informations afin d’élargir la participation aux forums climatiques et de favoriser une gouvernance conforme aux intérêts du pays », a-t-il soutenu.
Ainsi, Innocent invite les décideurs à s’appuyer davantage sur les études locales existantes pour concevoir des politiques publiques adaptées à la réalité du territoire. Selon lui, de telles politiques contribueraient à renforcer la résilience de l’économie haïtienne, déjà fortement affectée. « Les autorités doivent exploiter les recherches menées ici pour mieux orienter leurs actions, car le changement climatique touche directement le PIB national », a-t-il insisté.
À travers son intervention, Alix Innocent a lancé un appel clair : agir aujourd’hui pour sauver demain. Pour lui, la lutte contre le changement climatique ne peut plus attendre, elle est devenue une question de survie économique, sociale et environnementale.
Esther Kimberly BAZILE
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