Le programme AMCC+ Haïti, en partenariat avec la plateforme multimédia Haïti Climat, a organisé, le mardi 14 octobre 2025, le deuxième d’une série de cinq forums communautaires en ligne consacrés aux changements climatiques. Cette rencontre, qui s’est tenue sur Zoom, a rassemblé des experts, des jeunes et des acteurs communautaires autour du thème : « Rôle des jeunes et des femmes dans la résilience climatique et la promotion de l’équité de genre ».
Dans un contexte où Haïti est l’un des pays les plus vulnérables de la région face aux chocs climatiques, la discussion a permis de mettre en lumière les défis et les opportunités liés à l’implication des jeunes et des femmes dans la lutte contre le changement climatique.
Kattia Jean François a ouvert le forum en définissant la résilience climatique comme « la capacité d’anticiper, de s’adapter et de se relever face aux effets du changement climatique ». Elle a rappelé la gravité du phénomène pour Haïti : « Le changement climatique est un problème existentiel pour Haïti, un pays extrêmement vulnérable aux catastrophes naturelles et aux chocs climatiques. »
Elle a expliqué que les actions restent limitées en raison de problèmes structurels, du manque de formation et de connaissances, des normes sociales, et de freins cognitifs. « L’urgence d’agir vient avec la compréhension de l’ampleur du problème », a-t-elle insisté.
Pour Jean-François, l’intégration des jeunes et des femmes passe par la formation et l’implication directe dans les initiatives climatiques. « Former une femme, c’est former un foyer », a-t-elle affirmé, soulignant le rôle central des femmes dans la gestion des foyers haïtiens et leur potentiel à devenir des vecteurs de changement et de résilience.
Elle a également mis en évidence la vulnérabilité de ces groupes : les enfants et les jeunes subissent directement les catastrophes, tandis que les femmes sont plus exposées aux violences lors des événements climatiques. « Il faut transformer les victimes en moteurs de résilience, en moteurs de transformation », a-t-elle ajouté.
Selon la coordonnatrice de l’émission Haïti Climat, 74 % de la population haïtienne ont moins de 40 ans, et les femmes représentent plus de 50 % de la population haïtienne. « Les exclure, c’est exclure le cœur même de la communauté », a-t-elle rappelé, soulignant la nécessité de les intégrer dans le dialogue, les activités communautaires et les formations locales.
Elle a présenté quatre leviers d’action : renforcer les capacités, plaider pour l’inclusion des femmes et des jeunes, encourager leur participation active dans la prise de décision, et favoriser la collaboration entre acteurs communautaires et institutionnels.
Du côté du gouvernement, il a été rappelé que les politiques publiques doivent être adaptées au contexte haïtien, et non des copiés-collés de politiques étrangères, dont les réalités ne correspondent pas à celles du pays.
Erica Lopidas a poursuivi en soulignant que les femmes et les jeunes sont des acteurs clés de la résilience climatique, même s’ils demeurent marginalement exclus des espaces de décision. Elle a précisé que les populations rurales sont particulièrement vulnérables, confrontées aux inondations, aux sécheresses et à d’autres phénomènes climatiques. « Les charges de travail des femmes augmentent après chaque catastrophe, souvent de manière invisible, et elles participent également à la reconstruction de leur communauté », a-t-elle expliqué.
Lopidas a également mis en avant la richesse des connaissances traditionnelles et innovantes que possèdent les jeunes et les femmes, qui peuvent contribuer fortement à la résilience nationale si elles sont intégrées dans les processus décisionnels. Elle a conclu : « Malgré leur vulnérabilité, les femmes et les jeunes sont des acteurs de changement puissants. »
Les deux intervenantes se rejoignent sur un point majeur : il est possible de transformer cette vulnérabilité en force collective, et de faire des jeunes et des femmes des moteurs de transformation, capables de renforcer la résilience de leurs communautés et du pays.
Esther Kimberly BAZILE
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