Quelques jours après le passage dévastateur de l’ouragan Mélissa, qui a durement frappé Haïti comme plusieurs pays de la région caribéenne, l’émission HaïtiClimat, diffusée le 6 novembre 2025, a reçu le météorologue Rudolph Victor autour du thème : « De l’ouragan Mélissa aux catastrophes futures : comment bâtir une culture de prévention ? »

Selon le dernier bilan communiqué par les autorités, le passage de Mélissa a causé 47 morts et 17 disparus, sans compter d’importants dégâts matériels et pertes économiques dans plusieurs départements du pays. Pour Victor, cet épisode rappelle une fois de plus la vulnérabilité d’Haïti face aux aléas climatiques.
Le météorologue a souligné que Mélissa se distingue par sa rapidité et son intensité inhabituelle, signes du dérèglement climatique qui rend les ouragans de plus en plus imprévisibles. « En Haïti, nous parlons beaucoup après les crises, mais la véritable erreur réside dans le fait que la prévention n’est jamais intégrée ni dans notre quotidien ni dans les politiques publiques », a-t-il déclaré, estimant que le pays reste trop souvent dans une logique de réaction plutôt que d’anticipation.
L’éducation, premier rempart contre les catastrophes
Selon lui, bâtir une véritable culture de prévention exige un changement profond des comportements et des politiques. « Pour bâtir une véritable culture de prévention, cela demande beaucoup d’efforts. Tout doit commencer par l’éducation à l’école », a-t-il indiqué. Victor estime que les programmes scolaires devraient intégrer des modules sur les risques naturels, les inondations, les glissements de terrain, et inclure des exercices pratiques sur les gestes à adopter et les manières d’évacuer en cas de menace.
Il a aussi insisté sur l’importance d’une éducation préventive continue. « Ce qui est essentiel, c’est d’éduquer la population avant que les menaces ne surviennent », a-t-il ajouté, rappelant que la prévention n’est pas une action ponctuelle, mais un apprentissage constant.
Pour Rudolph Victor, l’éducation doit s’accompagner d’une formation environnementale solide. « Un cours très important, surtout pour notre pays, serait le cours de préservation de l’environnement, car il aiderait à réduire les risques à long terme », a-t-il précisé. Il a expliqué que la déforestation et la mauvaise gestion du territoire aggravent chaque année les conséquences des tempêtes et des pluies torrentielles.
Le météorologue a également évoqué la nécessité d’une planification communautaire. « Il est tout aussi essentiel d’élaborer des plans d’évacuation pour les quartiers, avec des points de rassemblement, des itinéraires sécurisés, et d’encourager les initiatives locales en matière de prévention », a-t-il mentionné.
Aussi, il a rappelé que la communication avant la menace est primordiale, mais qu’elle doit s’accompagner d’actions concrètes. « La véritable responsabilité incombe à l’État, qui doit mettre en place des dispositions claires pour protéger l’environnement », a-t-il conclu.
Il devient évident qu’Haïti doit désormais passer de la réaction à la préparation. Seule une véritable culture de prévention permettra au pays de réduire l’impact des catastrophes futures et de bâtir une résilience durable face aux changements climatiques.
Esther Kimberly BAZILE
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